Après le 49.3 sur les retraites, la grève se durcit dans les raffineries
Cela faisait plusieurs semaines que les syndicats du raffinage proposaient aux grévistes l'arrêt pur et simple de leur outil de travail. Mais si les sept raffineries de France ont procédé depuis janvier à de nombreuses reprises à la suspension des expéditions des carburants qui y sont produits, depuis le début du conflit leurs salariés ne voulaient pas franchir ce cap, l'arrêt de ces immenses installations industrielles, et leur redémarrage, étant très lourd.
Jusqu'à vendredi, donc, au lendemain du passage en force du gouvernement au Parlement.
Le ministre de l'Industrie Roland Lescure a d'ores et déjà laissé entendre samedi que le gouvernement pourrait procéder à des réquisitions, comme cela s'était produit à l'automne et comme le gouvernement le fait actuellement à Paris pour les éboueurs.
A Gonfreville-L'Orcher, près du Havre, les grévistes bloquent complètement les expéditions de carburants depuis jeudi après-midi. Les stocks sur le site sont donc pleins aujourd'hui. Dans ce cas, la direction de la raffinerie n'a in fine pas d'autre choix que d'arrêter la production concernée.
"Les expéditions sont bloquées côté raffinage, ce qui induit un fonctionnement différent sur les très nombreuses unités de production", a indiqué la direction du groupe, jointe par l'AFP.
"Notre priorité est de maintenir la sécurité ce qui nous conduit à mettre certaines unités en recirculation préférentiellement ou à en arrêter certaines si nécessaire pour garantir la gestion des stocks", a ajouté la société qui affirme que "d'autres unités de la plateforme restent en exploitation normale et assurent leur production".
Cela pourrait ne pas durer, à en croire Eric Sellini, coordinateur syndical CGT pour le groupe, qui précise que "les opérations (d'arrêt) sont programmées jusqu'à lundi soir".
⤵ Raffineries au ralenti
Il y a six raffineries conventionnelles en France (et une bioraffinerie). L'une est à l'arrêt pour raisons techniques (TotalEnergies à Donges), deux sont à débit réduit (TotalEnergies à Feyzin, près de Lyon; Esso-ExxonMobil Fos-sur-Mer). Celle de TotalEnergies en Normandie est donc en train d'être arrêtée.Les deux dernières raffineries conventionnelles pourraient, selon Eric Sellini, suivre: la raffinerie PétroIneos de Lavéra (Bouches-du-Rhône), dont la CGT a prédit vendredi la mise à l'arrêt pour lundi après-midi "au plus tard"; et celle d'Esso-ExxonMobil à Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime) pourrait être mise à l'arrêt lundi ou mardi, faute de pétrole brut à raffiner, en raison d'une grève au dépôt pétrolier du Havre.
La direction d'Esso-ExxonMobil, contactée par l'AFP, n'était pas joignable dans l'immédiat.
"Les livraisons de carburant sont suspendues pour au moins 24h" à la raffinerie, a déclaré le secrétaire général CGT d'ExxonMobil Germinal Lancelin. "L'arrêt complet n'est pas encore programmé, la raffinerie tourne toujours au ralenti car nous ne sommes plus livrés en pétrole brut", a-t-il cependant nuancé.
Si TotalEnergies fait état d'un taux de gréviste moyen en baisse dans ses raffineries, à 37% parmi les opérateurs du matin samedi, cette volonté de durcir la mobilisation intervient dans un contexte tendu, puisque la production à Donges (Loire-Atlantique) est déjà à l'arrêt pour un problème technique sans lien avec le conflit.
Il y a aussi en France la bioraffinerie TotalEnergies de La Mède, près de Marseille, dont le dépôt d'importation est bloqué.
(c) AFP