Brésil: le scandale Petrobras rattrape le président de l'Assemblée, ennemi de Rousseff
Dans le cadre du scandale de corruption Petrobras, la police fédérale a perquisitionné sa résidence officielle à Brasilia mais aussi son domicile privé à Rio et est repartie avec un grand nombre de documents, son téléphone portable et son ordinateur.
L'opération policière, déclenchée sur l'ordre de la Cour suprême, s'est déroulée simultanément dans six Etats du pays et visait d'autres hommes politiques, dans le but d'éviter que des preuves importantes ne soient détruites par les accusés, a indiqué la police. Au total, 53 mandats de perquisition ont été délivrés, dont au moins quatre concernent deux ministres et deux parlementaires du même parti centriste (PMDB) que M. Cunha.
Quelques heures plus tard, M.Cunha connaissait un nouveau revers.
Après sept reports, le Conseil d'éthique de la chambre des députés a finalement voté l'ouverture d'une procédure interne à l'Assemblée qui pourrait aboutir à sa destitution.
- 'Une revanche'
53 mandats ont été exécutés, c'est normal dans le cadre de l'enquête mais il est très étrange que cela se passe le jour où le Conseil d'éthique devait se prononcer à mon sujet. C'est une revanche. Je suis totalement innocent, a déclaré un Cunha imperturbable à la presse, accusant le gouvernement de vouloir détourner l'attention du vrai problème, la destitution de la chef de l'Etat.
En août, il avait été accusé par le parquet d'avoir reçu au moins cinq millions de dollars de pots-de-vin.
Déjà cerné par l'enquête judiciaire, il va devoir maintenant être auditionné par ses pairs. Il aura dix jours pour se défendre devant le Conseil d'éthique puis, au bout de trois mois, ce dernier se prononcera sur sa destitution qui devra ensuite être votée en séance plénière à l'Assemblée.
M.Cunha est membre du parti centriste PMDB, le plus important à l'Assemblée et membre de la coalition gouvernementale. Mais depuis des mois, il a pris ses distances vis-à-vis de la présidente Dilma Rousseff. M. Cunha a appelé mardi le PMDB à rompre immédiatement avec le gouvernement.
A l'initiative de propositions de loi ultra-conservatrices, contre l'avortement ou les homosexuels, il est la cible des féministes et mouvements de gauche qui réclament son départ dans les manifestations aux cris de Dehors Cunha!.
Elle a déjà envoyé en prison des élus du Parti des travailleurs (PT-gauche au pouvoir) et de la coalition, la plupart des ex-directeurs du géant étatique et les patrons des plus puissants groupes de BTP du Brésil ainsi que le PDG de la banque BTG pactual.
De son côté, Mme Rousseff, réélue de justesse fin 2014, se dit victime d'une tentative de coup d'Etat institutionnel, ourdie par une opposition n'ayant pas digéré sa défaite. Le calendrier de sa procédure de destitution n'est pas encore connu : il dépendra de l'annulation ou non des vacances parlementaires, prévues du 22 décembre au 1er février.
mel-cdo/tup/amd/az
PETROBRAS - PETROLEO BRASILEIRO
(c) AFP