Le pétrole dévisse avec l'escalade commerciale entre Washington et Pékin

Vers 10H50 GMT (12H50 HEC), le prix du baril de Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. de la mer du Nord, pour livraison en juin, chutait de 5,83% à 66,05 dollars, après s'être brièvement affiché à 65,36 au plus bas depuis août 2021.
Le baril de West Texas Intermediate, référence américaine, pour livraison en mai, s'enfonçait de 6,24% à 62,77 dollars.
Cette annonce a accéléré la chute du pétrole, déjà plombé par l'offensive protectionniste de la Maison-Blanche, sans équivalent depuis les années 1930: les prix de l'or noir s'étaient déjà effondrés de près de 6,5% en séance jeudi.
L'addition est particulièrement salée pour la Chine, premier importateur de pétrole mondial, dont les produits feront l'objet d'une nouvelle taxe à l'importation de 34% s'ajoutant aux 20% de droits de douane déjà en place.
"Les tarifs douaniers radicaux de Trump ont fait comprendre aux investisseurs que l'économie américaine - et peut-être l'économie mondiale - se dirigeait directement vers un ralentissement significatif, voire une récession", explique Arne Lohmann Rasmussen, analyste de Global Risk Management.
Si les produits énergétiques sont exemptés de taxes par la Maison Blanche, les prix de ces derniers demeurent très sensibles aux ralentissements économiques, ce qui explique la dégringolade des cours du pétrole au vu des craintes de récession.
La guerre commerciale qui se dessine, facteur éminemment baissier, se couple d'une hausse de production inattendue de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (OPEP+).
Le cartel va "mettre en oeuvre un ajustement de la production de 411.000 barils par jour" en mai 2025, selon un communiqué paru jeudi. Une décision qui continue de surprendre les marchés vendredi et à faire chuter les cours.
Le marché anticipait plutôt "une hausse de 135.000 barils par jour en mai, conforme au calendrier" de retour progressif sur 18 mois de 2,2 millions de barils quotidiens retenus par huit membres de l'OPEP+, souligne Mukesh Sahdev, analyste chez Rystad Energy.
Selon Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB, la décision de l'OPEP+ serait liée aux difficultés rencontrées par l'organisation pour faire respecter ses quotas en interne: "ceux qui respectent les règles se sentent frustrés par ceux qui ne les respectent pas".
Cela laisse néanmoins une marge de manoeuvre à Donald Trump pour imposer "plus facilement des sanctions à l'Iran, au Venezuela et éventuellement à la Russie" sans subir des prix du pétrole trop élevés, estime Arne Lohmann Rasmussen.
Voir aussi: 🔎 Qu'est-ce que l'OPEP+ et son impact sur les prix du baril ?