Total souffre au 2T mais juge prématuré d'évaluer l'impact de la Russie
D'avril à juin, le bénéfice net a reculé de 8% à 3,10 milliards de dollars, pour un chiffre d'affaires en légère hausse de 2% à 62,56 milliards.
Le résultat net ajusté, mesure très suivie par le marché et qui exclut des éléments volatils, a suivi le même mouvement, avec une baisse de 12% à 3,15 milliards de dollars.
Cette contre-performance pesait sur le titre, qui reculait de 2,47% à 50,93 euros à 12H45 à la Bourse de Paris.
Elle s'explique par l'effondrement des marges de raffinage en Europe et un repli de la production d'hydrocarbures en raison d'arrêts de maintenance, de l'expiration d'une licence d'exploitation à Abou Dhabi et de la dégradation des conditions de sécurité en Libye.
L'environnement du deuxième trimestre a été marqué par des tensions géopolitiques croissantes qui, malgré la stabilité du prix du Brent, nous confirment la sensibilité des grands équilibres des marchés pétroliers, a commenté le PDG de Total, Christophe de Margerie, dans un communiqué.Son directeur financier a cependant jugé prématuré d'évaluer l'impact éventuel des sanctions économiques décidées mardi par les Etats-Unis et l'Union européenne contre la Russie, accusée de déstabiliser l'est de l'Ukraine.
Nous n'avons pas à ce stade stoppé nos opérations sur site sur le projet de Yamal, une usine géante de liquéfaction de gaz naturel qui doit être construite en Sibérie par Total (20%) et ses partenaires russe Novatek (60%) et chinois CNPC (20%), a indiqué Patrick de La Chevardière lors d'une conférence téléphonique.
Entre partenaires, nous avons convenu de refaire le point fin août, a-t-il poursuivi. Il nous faudra à ce moment-là analyser les conséquences de toutes les sanctions, mais honnêtement, aujourd'hui, on n'est pas en état de connaître l'impact de ces sanctions sur nous.
- La montée au capital de Novatek interrompue -
Le groupe français a déjà stoppé sa montée au capital de Novatek, où il est passé de 17% à un peu plus de 18% pour 270 millions de dollars, après le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines, abattu le 17 juillet par un missile lors du survol d'une zone contrôlée par les rebelles pro-russes.
Le pétrolier britannique BP a lui prévenu mardi que de nouvelles sanctions contre la Russie ou la société Rosneft, dont il est actionnaire, pourraient affecter son activité et ses résultats.
Mais malgré cette crise, les géants mondiaux du pétrole n'ont nullement l'intention de couper les ponts avec la Russie, dans laquelle ils voient une nouvelle terre promise. Elle pourrait même devenir la première source de production d'hydrocarbures de Total d'ici à 2020.
Il nous faut plus de temps pour étudier les conséquences des sanctions. Si les sanctions nous interdisent de fait de travailler, on sera bien obligé de s'arrêter de travailler, mais on ne peut pas oublier que la Russie est un grand pays pétrolier, a souligné M. de La Chevardière.
Au deuxième trimestre, les marges de raffinage du pétrole brut en Europe ont chuté de 55% à 10,9 dollars la tonne. Elles se sont améliorées depuis, mais elles demeurent très volatiles, selon Total.
La production d'hydrocarbures a elle reculé de 10% à 2,054 millions de barils équivalent pétrole par jour, un point bas dans l'absolu pour Total, a commenté Patrick de La Chevardière.
Les choses devraient se normaliser au 3e trimestre, ont observé les analystes de Morgan Stanley.
Même si le titre Total pourrait connaître une période de faiblesse à court terme, les perspectives de croissance du flux de trésorerie sur les deux prochaines années demeurent élevées, estiment-ils.
Le lancement en juin du projet phare CLOV, au large de l'Angola, et les prochains démarrage de Laggan-Tormore (mer du Nord britannique) et d'Ofon (Nigeria) devraient également soutenir un rebond de la production.
Oui, je suis confiant, a assuré le directeur financier.
Désireux de réduire ses investissements, Total actualisera ses prévisions lors de la journée investisseurs du 22 septembre et détaillera un plan de réduction de coûts jusqu'en 2017.
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