📈 Blocus d'Ormuz pendant un mois : Le scénario catastrophe d'un baril à 350 dollars
Ce détroit, par lequel transite environ 21 % de la consommation mondiale quotidienne de pétrole, est un véritable point névralgique. L'Iran en contrôle la côte nord, tandis que le Sultanat d'Oman contrôle la côte sud. Il est reconnu comme une voie de navigation internationale, sous les principes du droit maritime international, permettant à tous les navires de l'emprunter en temps de paix...
Bien que la probabilité d'une interruption majeure soit jugée faible, les conséquences d'un tel scénario seraient dévastatrices.
L’impact ne se limiterait pas au marché pétrolier : les flux de gaz naturel liquéfié (GNL) du Qatar, transitant par cette zone, seraient également touchés, exacerbant la crise énergétique mondiale.
L'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont les seuls à disposer d'infrastructures permettant de contourner Ormuz, avec une capacité d'environ 3,5 millions de barils par jour (bpj), une quantité largement insuffisante pour compenser un éventuel blocus complet. L’Iran a également inauguré en 2021 un oléoduc permettant d’exporter depuis Jask, mais son utilisation reste marginale.
Le marché pétrolier ne semble pas anticiper un choc immédiat sur les approvisionnements via Ormuz. Cependant, les risques ne sont pas à écarter.
En cas de fermeture prolongée du détroit, les prix du baril pourraient atteindre des niveaux historiques.
Bjarne Schieldrop, analyste en chef chez SEB, a récemment déclaré : "Si le détroit d'Ormuz venait à être bloqué pendant un mois, le prix du Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. pourrait grimper à 350 dollars par baril, plongeant l'économie mondiale dans une grave récession".
Une perturbation majeure affecterait non seulement 14 millions de bpj des pays du Moyen-Orient, mais aussi les réserves stratégiques de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, entraînant un nouveau record de prix du pétrole.
Selon Warren Patterson, responsable des matières premières chez ING, une telle situation dépasserait même le pic de 150 dollars par baril atteint en 2008.
Date | Contexte du Blocus | Durée | Effet sur les prix du baril |
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Juillet 1988 | Guerre Iran-Irak | 3 jours | + $10 (de $15 à $25) |
Avril 2004 | Tensions USA-Iran après l'invasion de l'Irak | 1 jour | + $4 (de $34 à $38) |
Juillet 2010 | Sanctions contre l'Iran | 5 jours | + $7 (de $72 à $79) |
Juin 2019 | Attaques sur des pétroliers dans le détroit | 1 jour | + $3 (de $62 à $65) |
Janvier 2020 | Assassinat du général iranien Qassem Soleimani | 2 jours | + $5 (de $68 à $73) |
Date | Contexte | Durée | Effet sur les prix du baril |
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Octobre 1973 | Embargo pétrolier de l'OPEP | 6 mois | + 300 % (de $3 à $12) |
Janvier 1991 | Guerre du Golfe | 1 mois | + 100 % (de $21 à $42) |
Août 2008 | Crise financière mondiale | N/A | Prix record à $147 |
Février 2011 | Printemps arabe et guerre civile en Libye | 2 mois | + 25 % (de $90 à $113) |
Mars 2022 | Invasion de l'Ukraine par la Russie | En cours | + 40 % (de $78 à $130) |
Voir aussi: 📅 Les dates qui ont vu le pétrole flamber à plus de 100 dollars
Malgré ces scénarios alarmistes, la plupart des analystes restent sceptiques quant à une escalade à ce point dramatique dans la région.
"Les États-Unis permettraient-ils à Israël de frapper des infrastructures pétrolières iraniennes en pleine année électorale ? Et l'Iran risquerait-il de bloquer Ormuz, coupant ainsi ses propres exportations vitales ?", s’interrogent les experts de PMV.
Cependant, selon Goldman Sachs, toute perturbation significative de l'offre iranienne, due à une escalade du conflit, pourrait faire grimper les prix du pétrole de 20 dollars par baril, exacerbant davantage les tensions sur les marchés.
Alors que les perspectives à la hausse comme à la baisse restent incertaines, une chose est sûre : le détroit d'Ormuz restera un point focal pour les marchés pétroliers mondiaux dans les jours et mois à venir.