Pétrole: le rééquilibrage du marché menacé par la production américaine, dit l'AIE
"La croissance totale de l'offre pourrait excéder celle de la demande: sur le premier semestre l'excédent pourrait être de 200.000 barils par jour (b/j) avant de repasser à un déficit d'environ 200.000 b/j au second semestre", prévoit l'Agence internationale de l'énergie dans son rapport mensuel.
Elle suggère ainsi que les espoirs des pays producteurs de voir le mouvement de déstockage actuel se poursuivre au même rythme l'an prochain pourraient être déçus.
Dans son propre rapport mensuel, le cartel avait indiqué mercredi que ses membres avaient moins pompé de brut en novembre que durant le mois précédent, avec un déclin marqué en Angola, en Arabie saoudite ou au Venezuela.
"Le processus de rééquilibrage du marché est en bonne voie, soutenu par des niveaux de conformité historiquement élevés de la part des pays participant" aux accords de limitation de la production, avait estimé le secrétaire général de l'organisation Mohammed Barkindo, lors d'un discours à Pékin mardi. L'OPEP pense que le marché du pétrole devrait avoir trouvé son point d'équilibre d'ici à la fin 2018.
Incertitude américaine
Mais l'AIE répond que l'année nouvelle "ne sera pas nécessairement joyeuse" pour ceux qui aimeraient voir le marché se rééquilibrer et pour l'OPEP en particulier.
Elle souligne que la production progresse dans les pays hors OPEP et notamment aux Etats-Unis, où l'exploitation des hydrocarbures non-conventionnels a changé la donne.
Les forages y ont progressé récemment, si bien que les prochains mois devraient voir un afflux de pétrole. Avec la remontée des cours, les producteurs américains de pétrole de schiste peuvent être logiquement tentés de pomper plus même si le mot d'ordre est officiellement à la "modération".
Au total, la production des pays non-OPEP pourrait augmenter de 1,6 million de barils par jour l'an prochain, une prévision en augmentation de 200.000 b/j par rapport au dernier rapport de l'AIE il y a un mois.
Mais au final, la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis reste difficile à prévoir et complique la tâche des experts, de l'aveu même de l'AIE. Ce qui explique aussi pourquoi les prévisions de cette dernière divergent quelque peu de celles de l'OPEP, plus optimiste sur la production des pays ne faisant pas partie de son organisation.
"L'incertitude qui entoure la production des pétroles non conventionnels en 2018 crée des tableaux radicalement différents pour l'année prochaine", a ainsi souligné Tamas Varga, analyste chez PVM.
Côté demande, l'AIE n'a cette fois-ci pas changé ses prévisions: elle attend toujours une croissance de 1,5 million de barils par jour (mbj) à 97,7 mbj en 2017, qui ralentit à 1,3 mbj pour atteindre 98,9 mbj en 2018.
(c) AFP