🛢️ L'Opep+ prolonge ses coupes pour soutenir les cours du pétrole
L'annonce, en grande partie attendue, n'a quasiment pas fait bouger les marchés.
En théorie, le calendrier prévoyait que les huit pays membres du cartel à l'origine de coupes "volontaires supplémentaires" d'un total de 2,2 millions de barils par jour remontent graduellement à compter de janvier 2025 leur volume sur un an.
Ils seront ensuite "progressivement supprimés jusqu'à fin septembre 2026", est-il précisé.
L'Arabie saoudite, la Russie, l'Irak, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l'Algérie et Oman, avaient déjà repoussé à deux reprises la réouverture des vannesretour des initialement prévue en octobre.
Préserver les recettes
Malgré ces reports, cette stratégie de raréfaction de l'offre peine à porter ses fruits.Selon le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), "même si les coupes de production de l'OPEP+ étaient maintenues, l'offre mondiale dépasserait la demande de plus d'un million de barils par jour l'an prochain".
"Il n'y a pas la place pour du pétrole supplémentaire de l'OPEP+ en 2025", confirment les analystes de DNB, et la réintroduction de barils aurait fait plonger les cours de l'or noir.
Une situation incompatible avec la volonté de Ryad de préserver ses lucratives recettes. "Pour financer son programme de réformes Vision 2030, l'Arabie saoudite a besoin de l'unité des membres de l'OPEP+ et du respect des coupes", explique à l'AFP Amena Bakr, chez Energy Intelligence.
C'est elle qui est "la principale décisionnaire avec la Russie", rappelle une source proche de l'OPEP.
Toutefois "certains membres de l'organisation disposent d'importantes capacités inexploitées" et ont fait savoir leur envie d'augmenter leur production, explique Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy. Or les coupes ne sont utiles que si elles sont respectées.
Rencontre saoudo-émiratie
Plus tôt dans l'année, l'Irak et le Kazakhstan avaient été épinglés par le cartel pour une "surproduction de volumes" et avaient dû "présenter des plans d'ajustement afin de se mettre en conformité".Les Emirats arabes unis, qui se sont vu accorder en juin dernier une hausse de 300.000 barils par jour pour 2025, cristallisaient les tensions avant la réunion, et devront finalement attendre le mois d'avril pour voir leur quota augmenter.
Ces dernières années, ils "ont augmenté leur capacité de production à 4,85 millions de barils par jour", précise à l'AFP Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane s'était rendu dimanche aux Emirats arabes unis, pour sa première visite officielle chez ce voisin depuis trois ans.
"Les pays du Golfe ont des stratégies de long terme et veillent à la pertinence de l'industrie pétrolière", assure Mme Bakr, soulignant la capacité de l'alliance à trouver des compromis.
Par ailleurs, l'arrivée attendue à la Maison Blanche de Donald Trump en janvier favorise l'attentisme. La nouvelle doctrine géopolitique des États-Unis pouvant faire bouger le prix de l'or noir, comme sur les dossiers de la guerre au Proche-Orient, des sanctions sur l'Iran ou des relations avec la Chine et la Russie.
L'OPEP+ garde sous terre près de six millions de barils quotidiens, dont la tranche de 2,2 millions, au centre de l'attention lors de cette réunion.
Le cartel a également décidé prolonger d'un an, jusqu'à fin 2026, les deux autres tranches de coupes.
(c) AFP