Brésil : au milieu du scandale Petrobras, la présidente lutte pour sa survie politique
Depuis des mois, Mme Rousseff fait face à une procédure de destitution pour maquillage supposé des comptes publics tandis que le Tribunal supérieur électoral enquête pour savoir si sa campagne a bénéficié de financements illégaux, lors de sa réélection en 2014.
Ces menaces semblaient avoir diminué ces dernières semaines et sa cote de popularité, au plus bas, remontait légèrement.
Lula est soupçonné d'avoir accepté des faveurs de la part de grandes entreprises du bâtiment impliquées dans le scandale de fraude qui secoue ce géant pétrolier et qui a coûté plus de deux milliards de dollars à PetroBras.
Les images de l'ex-président escorté dans une voiture de police et entouré d'agents, fusil au poing, ont nettement fait monter la tension.
Les deux camps, du côté du pouvoir et de l'opposition, promettent de porter la lutte dans les rues du pays, tandis que, au parlement, les partis d'opposition se frottent les mains avec ce nouvel élan donné, selon eux, à la procédure d'impeachment. - Tout ou rien
Mais si l'étau semble se resserrer autour d'eux, Lula et Mme Rousseff ne baisseront pas les bras si facilement, selon le consultant Gabriel Petrus.
Le PT aura une stratégie du tout ou rien et les deux camps sont préparés pour la bataille, déclare-t-il à l'AFP.
Le PT tentera une démonstration de force dans les grandes villes du pays les 8, 18 et 31 mars.
David Fleischer, professeur émérite de sciences politiques à l'Université de Brasilia, affirme que les procureurs referment le cercle autour de Lula qui nie les accusations en bloc et se dit victime d'un show médiatique.
Il sera probablement en prison dans quelques semaines, prévoit Fleischer.
Mais les sympathisants du PT sont vent debout contre ces procédures légales qui visent Lula et Rousseff, les considérant comme des attaques des élites contre le mouvement de gauche, qui prône l'égalité sociale et une meilleure distribution des revenus.
- Anciens amis dangereux
La présidente du Brésil est une ancienne guérillera emprisonnée et torturée sous la dictature (1964-1985) mais ces capacités de résistance pourraient être insuffisantes cette fois-ci.
Il y aura d'autres délations contre des réductions de peine, de nouvelles informations, prévoit M. Fleischer, et le parlement va reprendre la procédure de destitution sans doute la semaine prochaine.
Rousseff n'occupe qu'officiellement sa fonction de présidente de la République. Dans la pratique, elle n'exerce déjà plus le pouvoir, sauf pour ce qui est du protocole, affirmait lundi le quotidien conservateur Estado de Sao Paulo.
(c) AFP