La major Chevron rachète sa compatriote Anadarko pour 33 milliards
Cette transaction est l'une des plus importantes dans le secteur pétrolier depuis le rachat en 2015 pour 61 milliards de dollars de BG Group par Royal Dutch Shell.
Elle intervient au moment où les prix du pétrole sont en train de rebondir après plusieurs années de forte baisse qui ont entraîné une dégringolade des bénéfices et des investissements des majors pétrolières à travers le monde.
D'après la chaîne de télévision CNBC, la société américaine Occidental Petroleum a approché Anadarko en lui offrant un prix plus élevé mais ses avances ont été repoussées. Occidental Petroleum, qui n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP, n'a pas dit son dernier mot, affirme CNBC.
Le mariage Chevron-Anadarko traduit le double pari du premier d'investir massivement dans le nouvel eldorado du secteur: la région du bassin permien, qui s'étend de l'ouest du Texas au sud-est du Nouveau Mexique.
Cette zone abrite les principales réserves américaines et est devenue le champ le plus prolifique au monde devant le bassin saoudien Ghawar avec des extractions de 4,1 millions de barils par jour (mbj).
Chevron, qui investit abondamment dans les sites australiens de GNL de Gorgon et Wheatstone, choisit ainsi également de miser sur le gaz naturel devenu une des ressources les plus prisées par les majors au moment où la lutte contre le changement climatique a rendu les énergies fossiles indésirables.
"Les géants de l'énergie reconnaissent qu'ils ont besoin d'investir plus dans le gaz de schiste et les énergies renouvelables", a commenté Jarand Rystad, fondateur du cabinet Rystad Energy, estimant que Chevron va devenir le "leader incontesté" en matière de production dans le bassin permien avec une extraction de 1,6 mbj d'ici 2025 devant ExxonMobil.
Chevron va aussi mettre la main sur un projet important dans le GNL d'Anadarko au Mozambique, en concurrence avec ExxonMobil.
La société, dont c'est la plus grosse acquisition depuis le rachat de Texaco en 2000, va également prendre le contrôle d'un corridor dans le bassin du Delaware (Texas) riche en gaz de schiste et se renforcer dans le golfe du Mexique pour l'exploration pétrolière en eaux profondes.
"Chevron va devenir la deuxième major productrice" d'hydrocarbures au monde, avance Roy Martin chez Wood Mackenzie, devant Royal Dutch Shell et BP mais derrière ExxonMobil. Les géants publics comme Aramco ne sont pas classés.
A Wall Street, l'action Chevron perdait 5,29% à 119,27 dollars vers 15H00 GMT, tandis qu'Anadarko flambait de 32,35% à 61,95 dollars.
L'opération pourrait lancer un mouvement de consolidation dans le secteur pétrolier, font valoir les experts. ExxonMobil pourrait sortir du bois et faire une offre sur Pioneer Natural Resources, avance la banque Morgan Stanley.
Chevron propose aux actionnaires d'Anadarko 16,25 dollars pour chaque titre détenu et 0,3869 action Chevron. Une telle proposition valorise l'action Anadarko à 65 dollars, ce qui représente une prime de 39% comparé au cours de clôture de jeudi soir.
La société va également reprendre les 15 milliards de dollars de dette d'Anadarko, ce qui équivaut à une valeur d'entreprise totale de 50 milliards de dollars.
Cette opération devrait générer quelque 2 milliards de dollars d'économies, dont 1 milliard en synergies, dès la première année suivant sa finalisation.
Chevron envisage par ailleurs de céder pour 15 à 20 milliards d'actifs d'ici 2020 et 2022 afin de réduire sa dette et choyer ses actionnaires en leur versant des dividendes et en rachetant ses propres actions.
Ce mariage, qui devrait être finalisé au second semestre, doit encore être approuvé par les autorités de la concurrence, les conseils d'administration des deux entreprises et les actionnaires d'Anadarko.
(c) AwP