Pétrole: divorce entre Pemex et Repsol sur fond de mésentente croissante
L'opération, lancée mardi soir via Citigroup Global Markets et Deutsche Bank, a été bouclée mercredi matin, la compagnie nationale pétrolière mexicaine cédant 7,86% de Repsol à des investisseurs qualifiés pour 2,092 milliards d'euros.
Cette transaction, qui solde la quasi-totalité des 9,3% de Pemex dans Repsol, faisait chuter le titre du groupe espagnol, qui perdait 3,55% à 20,125 euros (proche du prix de vente négocié, de 20,10 euros par action) à 14H45 GMT, dans un marché madrilène en recul de 0,39%.
Mais pour Repsol, c'est une bonne nouvelle, car les relations avec son actionnaire historique, qui réclamait plus de pouvoir de décision, s'étaient compliquées ces derniers mois.
Si l'on ne peut pas avoir la participation que l'on souhaite au sein des organes de direction, le mieux est de sortir de l'entreprise, a commenté à la radio le secrétaire d'Etat à l'Amérique Latine, Jesus Manuel Gracia Aldaz.
Je crois qu'ils sont arrivés à la conclusion que tant pour l'entreprise (Repsol) que pour Pemex, il valait mieux suivre des chemins différents car ils avaient des stratégies différentes, a-t-il ajouté.
Et alors que cette vente survient quelques jours seulement avant la première visite officielle en Espagne du président mexicain, Enrique Peña Nieto, le secrétaire d'Etat s'est montré rassurant sur ses conséquences sur les relations entre les deux pays.
Je peux vous assurer que cela ne pose aucun problème dans la relation bilatérale: il y a une relation excellente avec le Mexique, une relation de confiance et de soutien mutuel et cela pourra se voir dans la prochaine visite du président Peña Nieto, a-t-il dit.
- Un actionnaire très critique -
Même tonalité chez Pemex, qui a affirmé dans un communiqué que cette décision de marché n'est pas un thème de l'agenda bilatéral dans la relation Mexique-Espagne, qui est profonde et ample, et dont Pemex même est un exemple, avec ses récents investissements d'affaires dans ce pays.
En revanche, le groupe s'est montré très sévère envers Repsol, justifiant son retrait notamment par la faible rentabilité des actions obtenue par l'administration actuelle, par rapport à d'autres groupes pétroliers et nos différences avec leurs pratiques de direction.
Ni le Mexique ni Pemex ne font partie du plan d'affaires de Repsol, s'est plaint Pemex.
Selon une source proche du dossier, Pemex voulait avoir un pouvoir dans Repsol qui ne correspondait pas à sa part de 10% mais ne voulait pas non plus lancer d'offre publique d'achat pour en prendre le contrôle.
Son directeur, Emilio Lozoya, avait durement critiqué le président de Repsol, Antonio Brufau, sur sa gestion du conflit avec l'Argentine après la nationalisation en 2012 de 51% de ses actions d'YPF.
Mais Brufau, un temps menacé de destitution, a obtenu une belle revanche en négociant un accord de compensation qui a permis une sortie rapide du pays ces dernières semaines en échange de 6,3 milliards de dollars (4,6 milliards d'euros).
Je crois que personne ne s'attendait à ce que cela soit si facile pour Repsol de toucher l'indemnisation de l'Argentine et la gestion de Brufau a été très bonne, souligne Daniel Pingarron, analyste chez IG Markets.
Au final, Pemex, qui avait d'autres intentions pour gérer l'entreprise, a abandonné, explique-t-il. Face à un conseil d'administration très divisé jusque-là, son départ peut être positif à moyen terme.
La sortie de Pemex pourrait redonner la stabilité et la paix actionnariales à l'entreprise, donc cela nous semble positif, renchérit l'analyste Sonia Ruiz de Garibay, de Beka Finance, dans une note.
Le groupe espagnol garde comme principaux actionnaires la banque catalane La Caixa (11,8%), le constructeur Sacyr (9,2%), le fonds souverain singapourien Temasek (6,2%) et le fonds américain Blackrock (3%).
ka/cj
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