Nigeria: le Sénat ouvre une enquête sur les subventions à la compagnie pétrolière nationale
L'opposition parlementaire s'est saisi d'un nouveau scandale après que des médias nigérians eurent évoqué la création d'un "fonds de recouvrement des subventions" de 3,5 milliards de dollars affecté à la NNPC, historiquement réputée être la caisse noire de l'Etat.
"Depuis 1999, il y a toujours eu un budget de subventions, mais celui-ci a été abandonné par le gouvernement actuel (...) Ce qui se passe à présent, c'est qu'il existe un fonds appelé +Fonds de recouvrement des subventions+ et qu'il n'est géré que par deux personnes au sein de la NNPC: le directeur général et le directeur financier", a déclaré en séance plénière le leader de l'opposition, le sénateur Biodun Olujimi.
Dans la foulée, le président du Sénat, Bukola Saraki, ancien membre du parti au pouvoir ayant basculé récemment dans l'oppsition, a plaidé pour que les responsables de la NNPC viennent s'expliquer devant la chambre haute du Parlement sur l'utilisation de ces fonds. Il a également demandé à une commission de rendre un rapport détaillé la semaine prochaine sur cette affaire.
Le Nigeria, premier producteur de pétrole africain (près de 2 millions de barils/jour), dispose de très peu de raffineries et doit réimporter la quasi-totalité de l'essence consommée quotidiennement par ses 180 millions d'habitants.
Face à cette aberration, le gouvernement prend en charge une grande partie des coûts de distribution permettant aux consommateurs d'acheter leur essence à 145 nairas le litre (0,34 euro, soit la moitié du prix au Bénin voisin).
Or, le président Muhammadu Buhari a décidé de confier à la NNPC la gestion des importations de carburant après avoir suspendu une grande partie des sociétés privées de distribution accusées d'abuser du système en fixant des taux d'achat de pétrole raffiné beaucoup plus importants que s'il était vendu directement au consommateur.
En avril, le secrétaire d'Etat au Pétrole, Emmanuel Ibe Kachikwu, avait d'ailleurs critiqué l'opacité de la gestion des fonds publics à la NNPC et l'absence de mécanisme de contrôle, affirmant que l'Etat nigérian dépensait 3,9 milliards de dollars chaque année en subventions.