Alger, Bagdad et les géants pétroliers du Golfe coupent la production de pétrole
Cette coupe, qui débutera en mai et perdurera jusqu'à la fin de l'année, signifie au total une baisse de la production d'environ un million de barils par jour (bpj), soit la plus importante réduction depuis octobre.
Ryad va réduire sa production de 500.000 bpj, l'Irak de 211.000 bpj, les Emirats de 144.000 bpj, le Koweït de 128.000 bpj, l'Algérie de 48.000 bpj et Oman de 40.000 bpj, ont déclaré chaque pays via leurs agences de presse officielles respectives.
Ces baisses auront toutes lieu à partir de mai jusqu'à fin 2023. Elles ont lieu "en coordination avec certains pays membres de l'OPEP et non membres de l'OPEP", selon le ministère Algérien de l'Energie.
"Elément de surprise"
Ces annonces interviennent à la veille d'une réunion par visioconférence du Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC), un panel de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de leurs alliés (OPEP+).En février, les membres du JMMC avaient "réaffirmé leur engagement" envers l'accord décidé en octobre, qui les avait engagés à une coupe drastique de leur production de deux millions de bpj pour soutenir les prix.
Il s'agissait alors de la plus importante réduction depuis le début de la pandémie de Covid-19.
Cette nouvelle baisse de la production, qui s'ajoute à celle décidée en octobre, intervient malgré des appels des États-Unis à augmenter le nombre de bpj, sur fond d'inflation galopante alors que la Chine, le pays le plus gourmand en or noir, rouvre son économie après s'être repliée sur elle-même pendant la pandémie de Covid-19.
"Puisque l'économie mondiale reprend (après le Covid-19, NDLR), la consommation aussi. Et c'est pour cela que nous voudrions voir l'offre être au niveau de la demande", avait ainsi déclaré en mars Jose Fernandez, sous-secrétaire d'Etat pour les Affaires économiques des États-Unis, en marge de la conférence sur l'énergie CERAWeek à Houston, au Texas.
L'annonce d'une coupe dans la production en octobre avait été vécue comme un camouflet par Washington qui redoutait une envolée des prix des carburants sur fond d'inflation élevée.
Inquiète de voir les cours du baril mis sous pression par la crise actuelle du secteur bancaire, l'OPEP+ a fait le choix dimanche d'"une +mesure préventive+ au cas où la baisse de la demande (de pétrole) s'amplifiait pendant le second semestre" de l'année, estime auprès de l'AFP Yesar al-Maleki, analyste au Middle East Economic Survey.
Car la demande en pétrole est menacée par "la perspective d'une haute inflation et des pressions récessionistas", note-t-il.
La nouvelle baisse annoncée dimanche "n'était pas entièrement inattendue", affirme l'expert. Mais elle "comporte un élément de surprise, en ce qui concerne les volumes" des coupes consenties, car ceux-ci "s'ajoutent à la coupe de 2 millions de bpj consentie en octobre 2022 et prolongée jusqu'à fin 2023."
🇷🇺 Moscou a ainsi annoncé --par la voix de son vice-Premier ministre chargé de l'Energie, Alexandre Novak-- continuer à réduire sa production de pétrole brut de 500.000 bpj jusqu'à la fin de l'année.
Membre de l'OPEP+, M. Novak a évoqué une période d'"incertitude" sur le marché de l'or noir, évoquant une "action responsable et préventive".
Il s'agit d'une "mesure de précaution visant à soutenir la stabilité du marché pétrolier", a déclaré pour sa part un haut responsable du ministère saoudien de l'Energie, cité par l'agence saoudienne SPA.
Le ministre émirati de l'Energie Souhail ben Mohammed al-Mazrouei a évoqué quant à lui "une initiative volontaire", selon l'agence de presse officielle émiratie WAM.
🇩🇿 Les mêmes termes ont été peu ou prou repris par le ministère Algérien de l'Energie, pour qui la baisse relève d'une "réduction volontaire" et d'une "mesure préventive", d'après l'agence Algérienne APS.
L'OPEP, créée en 1960 et siégeant à Vienne, vise à "coordonner les politiques pétrolières" de ses membres pour assurer "des prix équitables et stables aux producteurs". Elle a formé l'OPEP+ en incluant de nouveaux alliés, dont la Russie et Oman.
(c) AFP