Carburants: Macron monte au front, ouvre la voie à un "accompagnement" de l'Etat
Emmanuel Macron a rejoint lundi ses ministres dans l'opération de défense de la politique fiscale du gouvernement.
"J'assume parfaitement que la fiscalité due au diesel soit au niveau de celle de l'essence et je préfère la taxation du carburant à la taxation du travail", a affirmé le président dans un entretien aux journaux du groupe Ebra.
"La région Hauts-de-France a proposé une aide au transport pour ceux qui ont plus de 30 km par jour de déplacement. J'ai demandé au gouvernement de voir comment nous pouvons accompagner cela", a-t-il indiqué, évoquant un défiscalisation de cette aide.
"Le gouvernement travaille", confirme-t-on du côté de Matignon, tandis qu'un député qui suit les débats sur le projet de budget 2019 note auprès de l'AFP que "cela bouge côté gouvernement".
"On nous a expliqué pendant des décennies qu'il fallait acheter du diesel et maintenant c'est le contraire. C'est normal que ce soit mal compris", a convenu le chef de l'État.
Le ministre de l'Économie a toutefois rejeté tout coup d'arrêt à la hausse de la fiscalité, qui doit encore augmenter au 1er janvier. "Non, elle ne sera pas suspendue. On ne suspend pas la transition écologique, la conversion du parc automobile français, qui est nécessaire", a affirmé Bruno Le Maire sur BFMTV.
En un an, le prix du diesel à la pompe a progressé d'environ 23% contre 15% pour celui de l'essence, surtout à cause de la hausse des cours du pétrole, même si une baisse s'est amorcée depuis deux semaines.
De leur côté, Leclerc et Carrefour entendent profiter de cette grogne en annonçant qu'ils vendraient à prix coûtant les carburants en novembre.
Chèque carburant
Certains responsables politiques, comme le Rassemblement national, des élus LR ou le patron de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan, ont apporté leur soutien à ces mouvements, tandis que des parlementaires de tous bords demandent au gouvernement des mesures d'aides pour les ménages précaires.
Dimanche, les deux députés LR Guillaume Peltier et Damien Abad, emboîtant le pas à d'autres responsables politiques, ont proposé la création d'un "chèque carburant" de 100 euros distribué à "13 millions de Français de province" qui n'ont "pas accès aux transports en commun".
Le député LREM Pierre Person, le ministre des Relations avec le Parlement Marc Fesneau (MoDem), et Nicolas Dupont-Aignan, ont dénoncé lundi cette proposition, qualifiée de "démagogique" par les deux premiers et de "débile" par M. Dupont-Aignan.
Signe que le sujet suscite un malaise jusqu'au sein de la majorité: le député LREM Matthieu Orphelin a réitéré sa proposition d'aider les ménages des zones rurales et périrubaines en cas de forte hausse des prix.
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a réclamé la création d'un "chèque transport".
"Répondre aux questions"
M. Le Maire a déjà manifesté son opposition à un tel dispositif. Ce serait une "solution à court terme qui contribuerait au réchauffement climatique", estimait-il le 27 octobre.
Il mettait en avant l'augmentation du chèque énergie l'an prochain, octroyés aux ménages à faibles revenus pour leurs dépenses de chauffage, le renforcement de la prime à la conversion ou encore le crédit d'impôt transition énergétique (CITE) pour certains travaux d'économie d'énergie dans les logements.
Des arguments qui ont peu porté jusqu'ici. Pour "répondre aux questions des Français" sur le budget 2019, le chef de file des députés LREM Gilles Le Gendre et d'autres responsables du groupe majoritaire tiendront une conférence de presse mardi.
"Nous allons essayer de répondre aux questions des gens. On veut casser l'impression qu'on ne voudrait pas parler (sur le pouvoir d'achat), après c'est vrai des hésitations au départ", a justifié à l'AFP une source parlementaire.
(c) AFP