Chevron suspend un projet pétrolier dans l'Arctique canadien
La société a avisé mercredi l'Office national de l'Énergie (ONÉ) du Canada de sa décision d'interrompre les forages prévus par la LE 481 pour une durée indéterminée.
Chevron possède cette licence d'exploitation dans la mer de Beaufort, dans l'océan Arctique, à 250 km du village inuit de Tuktoyaktuk, situé non loin de la frontière entre le Canada et l'État américain d'Alaska.
Dans sa lettre adressée au régulateur canadien, le groupe explique que ce choix a été motivé par plusieurs facteurs, dont le degré d'incertitude dans l'industrie (pétrolière). Tous les projets d'exploration de Chevron doivent être concurrentiels, a souligné à l'AFP un porte-parole de Chevron.
Le baril de brut côté à New York a franchi cette semaine le seuil des 55 dollars, pour la première fois en cinq ans. En moyenne, l'or noir a chuté de plus de 30% depuis cet été, fragilisant la rentabilité de plusieurs gisements non conventionnels en Amérique du Nord.
La région qui était ciblée par Chevron est particulièrement isolée et inhospitalière. La société américaine n'en était qu'à des étapes préalables et comptait y forer un puits d'exploration d'ici 2020, à une profondeur d'environ 1.500 mètres. L'Office national de l'Énergie avait entamé en juillet un processus d'examen du projet de Chevron, afin de vérifier en particulier que les systèmes de sécurité prévus étaient adéquats.
D'autres géants des hydrocarbures, Exxon Mobil et BP, mènent également des projets d'exploration située dans cette zone de la mer de Beaufort et Chevron a fait part de son intention de suivre l'évolution de leurs projets.
Avec la fonte des glaces, les ressources de l'Arctique connaissent un regain d'intérêt depuis quelques années. Selon une étude américaine de 2008, 13% du pétrole et 30% du gaz naturel non découverts de la planète se trouvent dans le sous-sol du Grand Nord.
Plusieurs projets ont cependant été stoppés cette année, face notamment au repli des cours.
L'organisation écologiste Greenpeace s'est réjoui de l'annonce de Chevron, y voyant une preuve de plus que les défis techniques de forer dans des eaux glaciales, là où une marée noire est inévitable, ne font qu'augmenter les coûts jusqu'à rendre l'opération non viable.
L'ONG a appelé de fait Ottawa à suspendre les tests sismiques menés par plusieurs groupes pétroliers dans le détroit de Davis qui sépare le Groenland danois de l'île de Baffin canadienne.
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