Nigeria: le nouveau président veut passer au crible le secteur pétrolier
Il a dit soutenir les gouverneurs de plusieurs États nigérians qui vont enquêter pour déterminer pourquoi des milliards de dollars issus du pétrole n'ont pas été reversés par la compagnie publique pétrolière au gouvernement fédéral.
Arrivé le 29 mai à la tête de la première économie du continent, M. Buhari tente de concrétiser ses engagements à combattre la corruption et le gaspillage généralisés, notamment dans le stratégique secteur pétrolier, qui fournit à l'Etat fédéral l'essentiel de ses revenus.
Il leur a assuré que son administration mettra en oeuvre les réformes nécessaires et initiera de nouvelles politiques pour augmenter les revenus nationaux issus de la production du pétrole et du gaz, a ajouté la même source.
Le président s'est également engagé à améliorer la sécurité pour favoriser les investissements en luttant contre le vol de pétrole, la piraterie maritime et la vandalisation des pipelines.
- Caisses 'pratiquement vides'
Réformer l'opaque secteur pétrolier nigérian n'est qu'un des multiples défis attendant M. Buhari, alors que l'économie nigériane a été saignée à blanc car le prix du brut a été divisé par deux depuis l'an dernier.
Le gouvernement a dû mettre de nombreux projets en attente, parfois y renoncer, et réviser à la baisse le budget fédéral. De nombreux fonctionnaires n'ont pas été payés depuis des mois.
La semaine dernière, M. Buhari avait déclaré que l'administration de son prédécesseur Goodluck Jonathan avait laissé les caisses du Trésor public pratiquement vides.
Il a aussi limogé tout le conseil d'administration de la compagnie pétrolière nationale, la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), notoirement gangrenée par la corruption.
Vainqueur de la présidentielle face à Goodluck Jonathan en mars, Muhammadu Buhari, au pouvoir entre 1983 et 1985 à l'époque du régime militaire et qui se pose en héraut de la lutte contre la corruption, n'a pas encore nommé son gouvernement.
Il a donné lundi son assentiment à l'initiative de quatre gouverneurs d'Etat nigérians voulant enquêter sur les incohérences comptables et le pillage des fonds de la NNPC.
Le gouverneur de l'État d'Edo (sud), Adams Oshiomhole, a en effet déclaré lundi soir que son équipe enquêterait sur les ventes de brut de la NNPC entre 2012 et mai 2015.
La NNPC affirme avoir gagné 8,1 milliers de milliards de nairas (36 milliards d'euros), mais ce que la NNPC a reversé au gouvernement s'élève à 4,3 milliers de milliards de nairas, a-t-il dit.
Cela signifie que la NNPC a gardé et dépensé 3,8 milliers de milliards de nairas. (...) Cela vous montre ce qui manque actuellement, ce qui est mal géré et ce qui a été volé. Les chiffres sont énormes, selon lui.
L'ex-gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, Lamido Sanusi, avait déclaré l'année dernière que 17,8 milliards d'euros de revenus pétroliers n'avaient pas été versés au gouvernement entre 2012 à 2014.
L'administration Jonathan avait vigoureusement contesté ces chiffres. Dans la bataille politique ayant suivi, M. Sanusi avait été destitué.
M. Oshiomhole veut aussi enquêter sur la disparition de fonds de l'Excess crude account, un compte gouvernemental sur lequel la NNPC reverse le produit de la différence entre les prix du pétrole fixés par l'Etat et les cours mondiaux.
Selon lui, l'Excess crude account a dégringolé d'un solde de 3,7 milliards d'euros en novembre 2014 à 1,8 milliard aujourd'hui.
Lai Mohammed, porte-parole du Congrès progressiste (APC), le parti de M. Buhari, a évoqué un compte siphonné sans explication.
La pourriture rencontrée par l'administration Buhari est répugnante et le président travaille dur à boucher les failles par lesquelles les fonds publics sont siphonnés, en plus de récupérer les fonds publics volés, a-t-il dit. Ce n'est que le début de la guerre contre la corruption.
L'ancien ministre des Finances sous la précédente administration, Ngozi Okonjo-Iweala, par la voix d'un porte-parole, a rejeté des accusations fausses, malveillantes et totalement infondées et dénoncé une chasse aux sorcières politique.
ola-joa/phz/mba/tmo/jra
EXXONMOBIL
(c) AFP