Repsol solde en un temps record son aventure argentine
Il a vendu mardi pour 2,010 milliards de dollars américains (1,465 milliard d'euros) d'obligations argentines, versées il y a moins d'une semaine pour compenser la nationalisation en 2012 de 51% d'YPF.
L'épisode avait à l'époque suscité des frictions diplomatiques entre Madrid et Buenos Aires.
Profitant de "la perception favorable des marchés, actuellement, envers l'Argentine", il a négocié avec la banque américaine JPMorgan la vente de plusieurs portefeuilles de bons du Trésor.
Avec cette opération, il a désormais soldé la quasi-totalité des 5,317 milliards de dollars perçus sous forme d'obligations, après avoir vendu la semaine dernière un premier paquet pour 2,8 milliards. Ce qui permet de réduire de 4,815 milliards de dollars la dette totale reconnue par l'Argentine en sa faveur.
Il y a une semaine, le directeur financier, Miguel Martinez, interrogé sur une prochaine vente de ces bons, s'était laissé un délai de deux ans, assurant: "nous ne sommes pas pressés".
Mais "nous avons vu une opportunité", explique mercredi un porte-parole. "Cette opportunité sur le marché nous a paru raisonnable pour couvrir nos besoins et surtout éliminer le risque, car au final, 5 milliards de dollars en obligations argentines est un risque énorme dans le bilan".
Le danger venait du classement de la dette argentine en catégorie spéculative par les trois grandes agences de notation, un élément inquiétant pour les investisseurs même si l'accord conclu le 25 février prévoyait qu'en cas de faillite, Buenos Aires devait tout de même verser ces 5 milliards.
Le marché a d'ailleurs réagi de manière positive à cette vente: à 08H52 GMT, le titre Repsol était l'un des rares en hausses de la Bourse madrilène, prenant 0,71% à 19,955 euros, alors que l'Ibex-35 perdait 0,29%.
"La monétisation rapide des bons argentins est une bonne nouvelle pour le groupe", ont commenté les analystes de Bankinter.
"En agissant ainsi, Repsol a enlevé le risque" représenté par ces obligations, ont estimé les analystes d'UBS, qui pensaient que la vente prendrait deux ans.
Acquisitions au programme
Au cours des derniers jours, le géant espagnol s'est aussi débarrassé de la quasi-totalité (11,86%) de la part qu'il conservait dans YPF, la vendant le 7 mai pour 1,256 milliard de dollars (un peu plus de 900 millions d'euros) à la banque d'affaires américaine Morgan Stanley.
Cette dernière a précisé mardi à l'AFP avoir placé ces actions "auprès d'investisseurs en Europe, en Amérique Latine et aux Etats-Unis".
Après cette vente, d'une plus-value de 622 millions de dollars, la part de Repsol dans YPF est "inférieure à 0,5%". Elle devrait aussi être bientôt vendue.
Il gardera encore un temps un petit paquet d'obligations argentines d'une valeur nominale de 117,36 millions de dollars, car Buenos Aires dispose d'une option de rachat, mais si celle-ci n'est pas exercée son intention est de vendre.
Après des mois de conflit et la menace de longues poursuites judiciaires, Repsol a donc bouclé en un temps record son aventure en Argentine, commencée en 1996 et confirmée par l'OPA en 1999 sur YPF, et a empoché au passage presque 6,1 milliards de dollars (4,4 milliards d'euros).
"A l'inverse de presque tout dans cette saga tortueuse, Repsol est sorti rapidement et sans drame", notaient mercredi les analystes d'UBS.
Que fera-t-il de cet argent' Le directeur financier, qui rappelait la semaine dernière que "le groupe a vécu au cours des deux dernières années une situation vraiment stressante due à l'expropriation d'YPF", a donné quelques pistes.
Au programme, "une ou plusieurs acquisitions": "nous cherchons des entreprises ou des actifs", surtout "au sein de l'OCDE", a-t-il indiqué. Selon une source proche de dossier, les Etats-Unis, le Canada et la Norvège font partie des pays visés.
Le président de Repsol, Antonio Brufau, avait lui indiqué en 2013 qu'une partie des plus-values venant de la sortie d'YPF pourrait revenir aux actionnaires, ouvrant la possibilité d'un éventuel dividende extraordinaire.