USA: l'industrie pétrolière, un secteur vital mais en crise
Premier producteur mondial de brut
Au-delà de leur rôle économique, les hydrocarbures représentent pour les États-Unis un enjeu géopolitique crucial.Depuis le choc pétrolier de 1973, les États-Unis se sont efforcés de parvenir à l'indépendance énergétique pour ne pas trop dépendre de leurs importations du Canada, du Moyen-Orient ou d'Amérique du Sud.
Mais les avancées de certaines méthodes d'extraction, dont la fracturation hydraulique et le forage horizontal, décriées par les défenseurs de l'environnement, ont permis au pays d'augmenter considérablement sa production de pétrole et de gaz de schiste depuis une dizaine d'années.
En 2018, les États-Unis sont devenus le premier producteur mondial de brut, dépassant la Russie et l'Arabie saoudite, selon les chiffres de l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA). La production de brut a même atteint un plus haut historique le mois dernier avec 13,1 millions de barils par jour (mbj MBJ Abréviation de Million(s) de Barils (de pétrole brut) par Jour, sachant qu'un baril équivaut environ à 159 litres soit 42 gallons américains.).
Le rythme s'est toutefois ralenti ces dernières semaines sous l'impact de l'effondrement de la consommation dû à la pandémie de coronavirus et aux mesures de confinement: au 10 avril, les États-Unis produisaient ainsi 12,3 mbj MBJ Abréviation de Million(s) de Barils (de pétrole brut) par Jour, sachant qu'un baril équivaut environ à 159 litres soit 42 gallons américains..
En parallèle, les réserves de brut ont gonflé dans des proportions impressionnantes, à plus de 500 millions de barils.
Comme celle de pétrole, la production de gaz naturel a beaucoup augmenté ces dernières années. Depuis septembre 2017 et pour la première fois de leur histoire, les États-Unis exportent plus de gaz naturel qu'ils n'en importent.
Sombres perspectives
Selon un rapport annuel publié par la Energy Futures Initiative (EFI) et la National Association of State Energy Officials (NASEO), l'industrie pétrolière américaine employait, en début d'année, près de 825.000 personnes. Celle du gaz naturel embauchait un peu plus de 636.000 Américains.Mais les retombées économiques s'étendent bien au-delà des salariés de ces filières. L'American Petroleum Institute (API) estime ainsi qu'en 2017, l'industrie pétrolière et gazière a soutenu 10,3 millions d'emplois aux États-Unis et contribué à près de 8% du PIB.
Les prix historiquement bas de l'or noir et l'effondrement de la demande ont toutefois porté un coup dur aux majors pétrolières américaines, qui ont toutes revu à la baisse leurs ambitions en matière d'investissements.
Conséquence de cette période noire, qui avait commencé avant le choc du coronavirus mais a nettement empiré depuis le début de la pandémie, la valeur des actions des grandes entreprises américaines du secteur cotées à Wall Street a fondu.
Depuis le début de l'année, Occidental s'est écroulé de plus de 70%, ExxonMobil a dégringolé de plus de 40% et Chevron a chuté de plus de 30% à la Bourse new-yorkaise.
De nombreux petits et moyens producteurs indépendants, croulant sous les dettes, sont dans une situation encore plus délicate, risquant tout simplement de mettre la clef sous la porte si les cours de l'or noir ne remontent pas rapidement.
Sur les quelques 9.000 entreprises du secteur, environ 140 pourraient faire faillite en 2020 si le baril reste à environ 20 dollars et près de 400 en 2021, a prédit début avril le cabinet spécialisé Rystad Energy.
(c) AFP