Carburants: le blocus des agriculteurs continue, nouvelles discussions mardi soir
"Nous n'avons pas conclu. La négociation n'est pas terminée, nous nous revoyons en toute fin de journée", a souligné Christiane Lambert à l'issue de deux heures et demie de discussions entre le cabinet du ministre Stéphane Travert et les organisations syndicales, FNSEA et Jeunes Agriculteurs.
"Nous demandons une parole publique plus claire pour défendre l'agriculture. Quand 3.000 agriculteurs descendent dans la rue bloquer 18 sites c'est que quelque chose ne va pas", a ajouté la patronne de la FNSEA.
Mardi après-midi, 18 raffineries et dépôts de carburant étaient bloqués en France, avec le blocage d'un dépôt supplémentaire à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire).
"On attend de savoir ce qu'il va ressortir de la réunion entre le ministre et notre présidente nationale. Ce qui est sûr c'est que l'on va rester encore au moins cette nuit et la journée de demain (mercredi)", a indiqué le président de la FNSEA de l'Eure, Fabrice Moulard, qui bloquait la raffinerie de Gonfreville-l'Orcher avec une quarantaine d'agriculteurs et quelques tracteurs.
"150 à 200 agriculteurs sont prévus demain (mercredi) pour continuer le blocage" de la raffinerie Total de Donges (Loire-Atlantique), a assuré Jean-Paul Goutines, directeur de la FRSEA Pays de la Loire, qui a salué "une bonne mobilisation, supérieure à ce que l'on escomptait. Ce qui veut dire qu'il y a une capacité à poursuivre, au-delà de demain (mercredi) si nécessaire".
"compétitivité en panne"
La FNSEA demande au gouvernement de légiférer pour interdire les importations qui ne répondent aux normes françaises, "des engagements sur le coût du travail" et les cotisations sociales, "des études sociales et économiques" avant la mise en place de toute nouvelle norme, et des réponses concrètes sur l'accompagnement financier des plans de filière par le gouvernement.
Pour Mme Lambert, "les Etats généraux de l'alimentation ont soutenu la montée en gamme de l'agriculture, mais la compétitivité est en panne" et le secteur craint l'arrivée de produits "qui trompent les consommateurs".
Le symbole de ces "incohérences", selon ces organisations, a été l'autorisation donnée à Total d'importer jusqu'à 300.000 tonnes par an d'huile de palme pour alimenter sa bioraffinerie de La Mède.
"A la Mède, pour sauver 250 emplois on met 100.000 producteurs (français de colza) en difficulté et on va perdre des tourteaux pour l'alimentation animale", a encore ajouté Mme Lambert.
Les deux syndicats assurent que l'agriculture française peut fournir davantage d'huile de tournesol ou de colza à cette usine que les 50.000 tonnes promises, mais à un prix supérieur à celui de l'oléagineux importé d'Asie du Sud-est.
Interrogé à l'Assemblée nationale par le député LR Christian Jacob, le Premier ministre Edouard Philippe a défendu la décision de l'Etat d'autoriser Total à importer de l'huile de palme pour approvisionner la raffinerie de la Mède.
"Nous ne dévirons pas d'une voie qui est claire: nous défendons les intérêts des filières agricoles. Nous faisons en sorte que l'ouverture des marchés soit respectueuse des intérêts de l'ensemble des filières agricoles", a-t-il ajouté.
Lundi, Total s'était voulu rassurant quant à l'approvisionnement des stations-service, appelant ses clients à "conserver leurs habitudes de consommation de carburant".
(c) AFP