Algérie: la révolte anti-gaz de schiste se poursuit dans le Sud
Des nombreuses femmes drapées de longues robes, le visage souvent dissimulé sous un foulard, occupaient, assises à même le sol, la place symboliquement baptisée Somoud (Résistance), face à la sous-préfecture d'In-Salah, à 1.500 km au sud d'Alger.
Le bâtiment a été incendiée dimanche à la suite d'une intervention de la police ayant fait des dizaines de blessés.
Des barricades empêchent l'accès des véhicules et sur les murs ocres, des inscriptions en arabe expliquent les raisons des rassemblements entamés fin décembre: résistance contre le gaz de schiste, président (Abdelaziz Bouteflika) stoppez ce gaz sordide, nous ne sommes pas les enfants de Paris. Le dernier slogan vise des sociétés étrangères, chargées d'effectuer les forages.
La compagnie publique Sonatrach, qui opère avec des partenaires occidentaux comme Anadarko (USA), ENI (Italie), Shell (Anglo-néerlandais) ou BP (GB), a annoncé au début du mois de février qu'elle poursuivait ses forages.
Le sud algérien est le théâtre de manifestations quasi quotidiennes d'opposants à l'extraction du gaz de schiste par fracturation hydraulique, dont ils craignent les répercussions environnementales. Les opposants redoutent notamment que ce procédé, qui consiste à créer des fissures souterraines et y infiltrer un mélange d'eau, de sable et de produits chimiques, pour extraire le gaz capturé dans la roche, ne pollue les eaux du sous-sol saharien.
Après deux mois de rassemblement pacifiques, des heurts ont éclaté la semaine dernière lorsque les forces de l'ordre ont été mobilisées en nombre, après une tentative des protestataires de se rendre sur un gisement où opère la société américaine Haliburton. Fait rare, l'armée est également intervenue pour rétablir le calme.
Le commandant de l'armée dans ce territoire, a rencontré le 3 mars les représentants de la société civile et des responsables des forces de l'ordre, a confirmé mercredi soir le ministère de la Défense.
Le général Amar Athmania a insisté sur la nécessité d'éviter toute forme de provocation ou d'affrontement avec les forces du maintien de l'ordre et de lever le sit-in pacifiquement et de laisser place au retour à la vie normale, selon le ministère.
Jeudi, aucun dispositif de sécurité n'était visible dans les rues d'In-Salah.