Pétrole: l'Iran crie victoire après l'accord de l'Opep
Victoire pétrolière de l'Iran à l'OPEP, Echec de la diplomatie pétrolière de Ryad, titraient les journaux iraniens après cet accord visant à réduire la production du cartel de 1,2 million de barils par jour (mb/j).
Tous les pays du cartel, à l'exception de l'Iran, du Nigeria et de la Libye, doivent baisser leur niveau de production.
L'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite, qui devra baisser sa production de près de 500.000 barils/jour, sont les principaux pays de l'OPEP, mais aussi deux rivaux qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis janvier et se livrent des guerres par procuration dans la région, en Syrie et au Yémen.
Ces dernières années, ils se sont aussi livrés à un bras de fer sur leurs parts de marché, faisant douter de la possibilité d'un accord sur la baisse de la production pour faire remonter les prix.
L'Iran, qui possède les quatrièmes réserves mondiales de pétrole, refusait de geler sa production pour retrouver son niveau d'avant les sanctions, en partie levées en janvier après un accord avec les grandes puissances sur son programme nucléaire.
Téhéran demandait également à l'Arabie saoudite de baisser sa propre production en arguant que le royaume avait profité des sanctions anti-iraniennes pour l'augmenter.
Depuis l'entrée en vigueur de l'accord nucléaire, Téhéran a progressivement augmenté sa production: 3,76 mb/j en octobre et exportation de 2,8 mb/j de pétrole et de condensat de gaz.
- Pas de 'perdant'
L'attitude de l'Arabie saoudite a été guidée par ses problèmes économiques internes. personne ne voulait coopérer avec l'Iran mais la situation économique du pays ne cessait de se dégrader, a déclaré à l'AFP une source du secteur pétrolier à Ryad.
La baisse de la production saoudienne est faible par rapport à son niveau actuel très élevé. Si l'accord permet de faire augmenter les prix, ça aidera le royaume, a ajouté cette source, sous couvert d'anonymat.
Selon des chiffres officiels, les réserves saoudiennes sont également tombées à 562 milliards de dollars en août, contre 732 milliards à la fin de 2014. Ce qui peut expliquer le fléchissement de Ryad face à Téhéran.
Mais, affirme à l'AFP l'expert koweïtien Kamel al-Harami, il n'y a pas de perdant (...) chacun a gagné 3 à 4 dollars (par baril) au cours des dernières 24 heures puisque les cours se sont envolés de 10% après l'annonce de l'accord.
L'Arabie saoudite et ses partenaires du Golfe, les Emirats arabes unis et le Koweït, avaient augmenté leur production de 3 millions de barils lorsque l'Iran était sous sanctions. La réduction de leur production n'est pas une grosse perte, ajoute Kamal al-Harami. Selon lui, un chef doit toujours faire des compromis et l'Arabie saoudite est le chef de l'OPEP.
Le président iranien, Hassan Rohani, a pointé du doigt les difficultés de Ryad. Il y a deux ans, un grand complot (pour faire baisser les prix) avait été fomenté pour mettre en difficulté l'Iran, alors engagé dans de difficiles négociations avec les grandes puissances sur son programme nucléaire, a-t-il déclaré jeudi selon la télévision d'Etat.
(c) AFP