Le bassin permien américain, nouvel eldorado des majors pétrolières
La major pétrolière américaine a déboursé 33 milliards de dollars pour acquérir sa compatriote Anadarko et renforcer sa position dans le gaz naturel liquéfié (GNL) et dans la région riche en pétrole du bassin permien.
A travers cette acquisition, Chevron va devenir le "leader incontesté" en matière de production dans ce bassin à cheval entre l'ouest du Texas et le Nouveau-Mexique, avec une extraction de 1,6 million de barils par jour d'ici 2025, devant ExxonMobil, estime Jarand Rystad, fondateur du cabinet Rystad Energy.
La nouvelle est tombée après la révélation de l'un des secrets les mieux gardés du royaume saoudien, qui alimentait de nombreux fantasmes: le principal bassin de production de pétrole du pays, Ghawar, produit en réalité moins d'or noir que le bassin permien concédant la couronne de zone la plus prolifique au monde à ce dernier.
Contraint dans le cadre d'un emprunt obligataire à fournir des informations sur l'industrie de l'or noir en Arabie saoudite, le géant pétrolier Saudi Aramco a fait cette révélation le 1er avril.
Selon les documents publiés, le champs de Ghawar présente une capacité maximale d'extraction de 3,8 millions de barils, très loin des 5 millions de barils de capacité évoqués depuis des années parmi les professionnels. Ces estimations faisaient de ce champs, faute d'informations fiables sur le sujet, le plus productif au monde.
Le bassin permien américain a produit de son côté 4,1 millions de barils par jour le mois dernier, d'après l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA).
"C'est symbolique et cela souligne à nouveau à quel point la production américaine a augmenté de façon exponentielle", commente Andrew Lebow, membre de la société de conseil Commodity Research Group.
Ce complexe sédimentaire américain, formé il y a environ 300 millions d'années, est composé de trois zones principales, Delaware Basin, Central Plateform Basin, et Midland Basin, rappelle l'EIA.
Si ses hydrocarbures sous la roche sont exploités depuis cent ans, il est devenu la pierre angulaire de la production américaine depuis une poignée d'années seulement.
"Avec la révolution du pétrole de schiste début 2000, les États-Unis se sont d'abord tournés vers les bassins d'Eagle Ford et de Bakken, où le pétrole brut était plus facile à extraire. Mais avec les progrès technologiques, la production a explosé sur le bassin permien où se trouvent les principales réserves américaines", explique Andrew Lebow.
Ce spécialiste décrit les progrès dans la fracturation hydraulique, le procédé utilisé pour extraire le pétrole de schiste de la roche, et le forage de puits horizontaux comme des évolutions "décisives".
Les plus grandes compagnies américaines d'extraction de brut concentrent désormais le gros de leurs investissements ici. Outre Chevron, ExxonMobil veut y porter sa production à un million de barils par jour d'ici 2024.
L'EIA parie pour le moment sur 4,5 millions de barils extraits du bassin d'ici à 2024.
Malgré la baisse de cadence du champs saoudien de Ghawar, les professionnels rappellent toutefois que l'Arabie saoudite est encore loin de la pénurie.
Ryad a surtout déplacé sa production vers des champs plus modestes, et la capacité maximale de production du pays reste à 12 millions de barils par jour, l'une des plus larges au monde.
Par ailleurs, le royaume est encore de loin le principal exportateur de pétrole brut au monde: sept millions de barils quittent le pays chaque jour selon les statistiques de la société ClipperData, contre moins de la moitié pour les États-Unis.
(c) AwP