Russie: le gouvernement défend l'austérité face à la déroute du marché pétrolier
Il faut (...) se préparer au pire, a averti le Premier ministre, Dmitri Medvedev, lors d'un forum économique à Moscou.
Le brusque effondrement des cours du pétrole, tombés cette semaine au niveau encore inimaginable il y a peu de 30 dollars le baril, a brusquement changé la donne pour la Russie, qui tire des hydrocarbures la majorité de ses revenus et qui espérait une reprise économique cette année après la profonde récession de l'an dernier.
Confirmant des informations parues ces derniers jours dans la presse russe, il a indiqué que tous les ministères devraient lui présenter un plan de réduction des dépenses de 10% par rapport à ce qui est prévu dans la loi de budget, adoptée il y a à peine quelques semaines.
Ces correctifs, qui doivent être finalisés d'ici la fin du premier trimestre, représentent environ 500 milliards de roubles (6 milliards d'euros), a-t-il précisé.
M. Silouanov a souligné que le gouvernement travaillait à la recherche de nouvelles rentrées budgétaires, notamment avec des ventes de participations dans des entreprises publiques qui pourraient rapporter 1.000 milliards de roubles en deux ans (12 milliards d'euros).
- Pétrole peu cher pour longtemps
Le budget 2016 a été bâti sur un baril à 50 dollars avec un déficit de 3% du PIB, limite que le président, Vladimir Poutine, a ordonné de ne pas franchir. Selon M. Silouanov, si le déficit est resté contenu à 2,6% l'an dernier, cette année s'annonce plus difficile.
Le numéro deux du gouvernement, Igor Chouvalov, a jugé que des mesures dures concernant le budget étaient nécessaires: je ne peux pas dire que c'est agréable, mais c'est utile pour assainir les finances du pays et rendre son économie moins dépendante des hydrocarbures.
Selon la banque centrale, si le pétrole se maintient durablement à son niveau actuel, le produit intérieur brut baissera encore cette année, après une contraction estimée par le gouvernement à 3,7% en 2015.
Le gouvernement a déjà procédé à d'importantes réductions d'effectifs dans l'administration ou les secteurs de la santé ou de la police pour consacrer ses efforts au soutien des secteurs en difficulté (banques, construction, automobile...). Il a décidé d'augmenter les retraites cette année de seulement 4% contre un taux annuel d'inflation à 12,9% fin décembre.
M. Silouanov a prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à une hausse des prix (du pétrole) dans l'immédiat, tandis que le ministre de l'Economie, Alexeï Oulioukaïev, a jugé que la période de bas prix des hydrocarbures s'annonçait très longue.
La chute des cours du pétrole a entraîné le rouble à ses plus bas niveaux en plus d'un an. Si la faiblesse de la monnaie permet de compenser en partie pour le budget la baisse des prix de l'or noir, elle risque de peser encore sur le pouvoir d'achat et la consommation et de fragiliser le secteur bancaire.
(c) AFP