Les exercices militaires de l'Iran soutiennent le brut new-yorkais
(reprise de la veille)
New York - Les cours du pétrole ont fini en forte hausse mardi à New York, soutenus par les exercices militaires menés par l'Iran deux jours après l'entrée en vigueur de l'embargo européen visant son pétrole.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août est monté de 3,91 dollars par rapport à lundi, finissant à 87,66 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août, échangé sur l'IntercontinentalExchange (ICE), a terminé à 100,68 dollars, en hausse de 3,34 dollars par rapport à la clôture de lundi.
Il s'est hissé jusqu'à 101,58 dollars vers 13H45 GMT, au plus haut depuis le 11 juin.
"Tout le monde réagit de manière excessive à ce qui se passe" au Moyen-Orient, a estimé Phil Flynn, de Price Future Group, tout en notant que "l'un des pires trimestres depuis longtemps s'achève, ce qui explique qu'on veuille tenter de rebondir".
La forte hausse de mardi s'explique "par le retour de la prime de risque iranienne", soutenue par les exercices militaires menés par Téhéran, a-t-il expliqué.
La République islamique a en effet lancé mardi des dizaines de missiles balistiques lors de la simulation d'une attaque contre une "base militaire ennemie". Dans le même temps, selon le New York Times (NYT), les Etats-Unis ont renforcé leur présence militaire dans le Golfe afin d'empêcher toute fermeture du détroit d'Ormuz, où transite 35% du pétrole brut transporté par voie maritime dans le monde, et de pouvoir frapper l'Iran en cas de crise majeure.
Ce renforcement intervient alors que quelque 120 députés iraniens ont signé un projet de loi visant à interdire le passage du détroit d'Ormuz aux pétroliers se rendant vers les pays européens, qui ont imposé le 1er juillet un embargo contre le pétrole iranien.
"Bien que la probabilité de voir une telle loi adoptée, et respectée, soit basse, cela suffit à influencer le marché", a noté Eric Bickel, de Summit Energy (groupe Schneider Electric).
Téhéran avait déjà menacé au début de l'année de fermer le détroit d'Ormuz, en réponse au durcissement des sanctions internationales contre le pays, soupçonné par les Occidentaux de développer un programme nucléaire à visée militaire.
"Il n'y a pas que ça qui fait bouger le pétrole aujourd'hui", a fait remarquer Bart Melek, de TD Securities: les opérateurs sont également encouragés par "les spéculations toujours plus fortes concernant de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire de la Réserve fédérale".
Ces spéculations sont alimentées par l'imminence d'une réunion de la BCE. La Banque centrale européenne (BCE) tient une réunion de politique monétaire jeudi, à l'issue de laquelle elle pourrait décider de baisser son principal taux directeur mais aussi prendre de nouvelles mesures de soutien à l'économie.
"Il y a beaucoup d'espoir de voir la BCE se lancer dans une opération d'assouplissement monétaire, le marché semble confiant", a dit M. Flynn.
Enfin, les opérateurs suivaient l'évolution de la situation en Norvège où une grève dans le secteur pétrolier "continue à soutenir les prix", a indiqué Barclays.
Ce mouvement social, débuté le 24 juin, entraîne une perte quotidienne de quelques 240'000 barils de pétrole, soit environ 10% de l'offre totale d'or noir du pays, huitième exportateur de brut de la planète, selon des chiffres de l'organisation patronale norvégienne.
Alors que les marchés commencent à regarder en direction du gouvernement, celui-ci a fait valoir à l'AFP qu'il "suit le conflit de près" mais qu'il "est inutile pour l'instant de demander une intervention" de l'Etat.
La grève concerne 708 employés travaillant pour le groupe norvégien Statoil (le seul touché par l'arrêt de la production), la division norvégienne du géant britannique BP et ESS Support Services, détenu par le britannique Compass Group.
rp
(AWP / 04.07.2012 06h21)