Le pétrole repart en petite hausse, soutenu par l'Irak et l'Ukraine
Vers 16H00 GMT (18H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août valait 113,51 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 57 cents par rapport à la clôture de lundi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juillet gagnait 12 cents, à 107,02 dollars.
L'avancée fulgurante des jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), observée avec une grande nervosité par les marchés, avait fait grimper vendredi les cours du brut à Londres et New York à leurs plus hauts niveaux depuis septembre.
Mais les prix ont commencé mardi à reculer à des niveaux connus avant que l'insurrection ne débute en Irak alors que les craintes de possibles interruptions de livraisons ne se sont pas concrétisées, commentait Dorian Lucas, analyste d'Inenco.
Les craintes d'interruption des livraisons de brut irakien ont été pour le moment laissées de côté par le marché, abondaient les analystes de PVM mais la situation en Irak, deuxième producteur de l'OPEP, est quelque chose qui reste à l'esprit de tout courtier en pétrole.Les prix pourraient donc enregistrer de nouvelles hausses en raison de l'incertitude qui entoure l'Irak, estimait Daniel Sugarman d'ETX Capital.
Après avoir conquis en l'espace d'une semaine de vastes zones dans le nord et le centre de l'Irak, dont la deuxième ville du pays, Mossoul, les jihadistes se sont emparés de la plus grande partie de la ville stratégique chiite de Tal Afar (nord), selon un responsable gouvernemental qui a fait état mardi de plusieurs dizaines de morts dans les combats.
Plus près de Bagdad, ils ont été en revanche chassés par les forces de sécurité de Baqouba après avoir brièvement pris le contrôle de plusieurs secteurs de cette ville située à 60 km au nord-est de la capitale, selon des responsables de l'armée et de la police.
Intervenant lors du congrès mondial du pétrole à Moscou, le patron du groupe pétrolier BP, Bob Dudley, a assuré qu'il ne s'attendait pas à une extension de l'offensive jihadiste jusqu'au sud de l'Irak, région qui concentre l'essentiel de la production pétrolière du pays.
Evoquant une résurgence dramatique de la violence, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a elle jugé en revanche que de gros risques pesaient sur la production pétrolière irakienne, alors même que le pays est censé fournir une part significative de l'offre supplémentaire attendue sur le marché d'ici 2019.
En Irak, la production de pétrole continue mais reste menacée à Baiji, la plus grosse raffinerie du pays, et la production dans le sud du pays a augmenté pour faire face à d'éventuels déficits dans le nord déchiré par les combats, prévenait de son côté Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets.
De plus, pour M. Lawler, comme les autorités irakiennes ne devraient par parvenir à contenir elles-mêmes la situation, l'intervention des États-Unis n'est qu'une question de temps.
Une éventuelle victoire des jihadistes fait craindre aux investisseurs une flambée des cours du brut, dommageable à la croissance économique mondiale.
Au-delà de l'Irak, les courtiers gardaient un oeil sur l'Ukraine, autre front de tensions géopolitiques susceptibles d'avoir un impact sur les prix de l'énergie.
La Russie a coupé lundi le gaz à l'Ukraine après l'échec de leurs négociations sur le prix du gaz russe fourni à l'Ukraine et le remboursement de la dette accumulée par Kiev, une mesure qualifiée par Kiev de nouvelle agression contre l'État ukrainien.
Une explosion sur une portion d'un gazoduc ukrainien qui alimente l'Europe en gaz russe s'est produite mardi dans la région de Poltava (nord-est), sans faire de victimes, a indiqué une antenne régionale du ministère de l'Intérieur.
Les services de secours ont indiqué que selon de premières informations, l'explosion pourrait avoir été provoquée par une fuite ou une dépressurisation sur l'un des joints du gazoduc international Ourengoï-Pomary-Oujgorod. L'opérateur des gazoducs ukrainien Ukrtransgaz a affirmé que cela n'affectait pas le transit de gaz vers l'Europe.
Sur le plan de la demande d'or noir, les investisseurs décortiqueront mercredi le rapport hebdomadaire sur les réserves de pétrole aux États-Unis publié par le Département américain de l'Énergie (DoE).