Le brut tombe au plus bas depuis 18 mois à Londres, l'Espagne inquiète
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août, échangé sur l'IntercontinentalExchange (ICE) de Londres, valait 96,03 dollars, en baisse de 1,58 dollar par rapport à la clôture de vendredi.
Il est descendu vers 13H22 GMT jusqu'à 95,38 dollars, un niveau plus vu depuis le 26 janvier 2011.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet abandonnait 83 cents à 83,20 dollars.
Les cours avaient gagné un peu de terrain dans les échanges asiatiques, après l'annonce d'une victoire aux élections législatives grecques de la droite conservatrice, attachée au programme d'austérité, ce qui semblait écarter le spectre d'une faillite imminente du pays et de sa sortie de la zone euro.
Mais le soulagement du marché aura été de courte durée: la tendance s'est rapidement inversée, et les prix de l'or noir ont finalement battu en retraite, effaçant la totalité de leurs gains dès le début des échanges européens, dans un marché inquiet de la santé économique fragile des pays de la zone euro.
"L'optimisme lié aux résultats de l'élection en Grèce s'est déjà dissipé (...) Les craintes sur l'Italie et l'Espagne restent très élevées, et vont probablement peser sur les prix du pétrole à court terme", observait Amrita Sen, analyste de Barclays Capital.
Le vote grec n'a ainsi pas suffi à apaiser les inquiétudes sur l'Espagne, dont les taux des obligations à 10 ans se sont envolés lundi à plus de 7%, un niveau jamais vu depuis la création de la zone euro et considéré comme ingérable sur la durée.
La tension des taux obligataires espagnols alimentait les spéculations sur un possible plan de sauvetage pour le pays, miné par les difficultés de son secteur bancaire, qui a lui-même fait l'objet la semaine dernière d'une aide internationale.
"Alors que les conditions économiques dans la zone euro paraissent toujours très fragiles et que l'attention se concentre sur l'Espagne, les dirigeants européens seront sous pression à la réunion du G20" qui s'est ouverte lundi au Mexique, observait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
Les investisseurs sont également "attentifs aux négociations entre l'Iran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, Chine, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne, ndlr)" qui ont repris lundi à Moscou, indiquait de son côté Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital.
Ces pourparlers sur le programme nucléaire controversé de Téhéran interviennent avant l'entrée en vigueur totale le 1er juillet d'un embargo sur le brut iranien décidé en janvier par l'Union européenne (UE), et du renforcement des sanctions financières des Etats-Unis.
"S'il est peu probable que l'UE lève tout à coup son embargo, (...) les différentes parties se parlent", ainsi "une escalade des tensions comme celle à laquelle on a assisté l'hiver dernier est improbable", soulignait M. Kryuchenkov.
Mais comme la prime de risque, qui avait grossi de 15 à 20 dollars les prix du baril entre janvier et avril en prévision de l'impact des sanctions internationales contre l'Iran, "s'est désormais entièrement dissipée, les cours pourraient réagir en grimpant plus fortement si les négociations (de Moscou) échouent qu'ils ne baisseraient en cas de succès", estimaient de leur côté les experts de Commerzbank.
sm
(AWP / 18.06.2012 18h30)