Le brut finit en hausse à New York: spéculations sur la Fed
(reprise de la veille)
New York - Les cours du pétrole ont terminé en hausse mardi à New York, entraînés par les spéculations entourant la réunion de la Réserve fédérale américaine qui s'achève mercredi, le marché s'attendant à l'annonce de mesures de relance.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet a pris 76 cents par rapport à lundi, finissant à 84,03 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août, échangé sur l'IntercontinentalExchange (ICE), a terminé à 95,76 dollars, en repli de 29 cents par rapport à la clôture de lundi.
Le marché a été porté par "l'optimisme suscité par l'annonce" jugée très probable de la Fed, mercredi, à l'issue des deux jours de rencontre de son Comité de politique monétaire (FOMC), a indiqué Matt Smith, de Summit Energy (groupe Schneider Electric).
Nombre d'investisseurs de Wall Street jugent inévitable une action de la banque centrale tant les perspectives économiques sont ternes aux Etats-Unis. Il en va de la "crédibilité" de l'institution de Washington, disent certains analystes.
L'hypothèse la plus répandue est la prolongation de l'"Opération Twist" lancée en septembre dernier. Cette mesure consiste à convertir une partie des obligations d'Etat américaines à court terme en titres du Trésor à plus long terme
La progression des cours de pétrole, libellés en dollars, s'explique par ailleurs par la hausse de l'euro, ainsi que par le fait que "les derniers développements en Europe ont été intégrés dans le marché", a fait valoir Phil Flynn, de Price Future Group.
En outre, le marché a été dopé par un article du quotidien britannique The Guardian selon lequel les pays européens se sont entendus, en marge du G20 qui se tient au Mexique, pour utiliser les ressources du fonds de secours de la zone euro (FESF, qui sera remplacé début juillet par le Mécanisme européen de stabilité MES) pour acquérir une partie de la dette des pays proches de la faillite.
Selon le journal, qui cite des responsables du G20, "une annonce pourrait être faite dans les prochains jours".
Si cela était vrai, "cela serait positif car cela soutiendrait la demande de pétrole en Europe", où les perspectives de croissance sont moroses, a noté M. Smith.
Pour Barclays, si les dirigeants de la zone euro étaient capables de "restaurer un peu de confiance dans le marché en mettant en oeuvre une sorte de solution permanente" à la crise de la dette, "la probabilité d'une rapide reprise de la demande serait envisageable".
En outre, le marché a gardé Madrid dans son viseur. L'Espagne est parvenue à lever mardi 3,040 milliards d'euros à 12 et 18 mois, un montant légèrement supérieur à l'objectif. L'Espagne a toutefois dû concéder des taux d'intérêt en très forte hausse.
"Le gouvernement espagnol a vu une participation décente" du marché, dans le sens où "la fin du monde n'est pas pour aujourd'hui", a ironisé Matt Smith.
Les investisseurs étaient en outre attentifs à la poursuite mardi des négociations, entamées la veille à Moscou, entre l'Iran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, Chine, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) sur le programme nucléaire controversé de Téhéran.
Les discussions se sont interrompues lundi sur le constat de positions "difficilement compatibles" selon l'expression du vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov. Et une source diplomatique iranienne citée par l'agence de presse officielle iranienne Irna a fait état mardi de "difficultés" dans les négociations.
Les grandes puissances cherchent à faire céder l'Iran sur son programme nucléaire, qu'elles soupçonnent d'avoir des visées militaires, en échange d'un allègement des sanctions internationales contre Téhéran.
Un embargo de l'Union européenne (UE) contre le brut iranien, décidé en janvier, doit entrer entièrement en vigueur au 1er juillet.
rp
(AWP / 20.06.2012 06h20)