Le brut recule, le marché ébranlé par l'Espagne avant le PIB américain
Vers 10H15 GMT (12H15 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s'échangeait à 119,49 dollars, perdant 43 cents par rapport à la clôture de jeudi.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance reculait de 40 cents à 104,15 dollars.
L'agence d'évaluation financière américaine Standard and Poor's (S&P) a annoncé jeudi, après la fermeture des marchés américains, avoir abaissé de deux crans la note de solvabilité financière de l'Espagne, de "A", à "BBB+", en raison des "risques importants" pesant sur la croissance économique du pays.
"L'abaissement de la note espagnole par Standard & Poor's a mis un terme à l'optimisme qui soutenait jeudi le marché du pétrole", ébranlant les investisseurs, qui redoutent une aggravation de la crise des dettes souveraines dans la zone euro, notaient les analystes de Commerzbank.
"L'agence de notation croit que la contraction de l'économie espagnole laisse présager que le gouvernement ne va pas tenir ses objectifs budgétaires et qu'il va devoir organiser un nouveau plan de sauvetage du secteur bancaire", observait Tamas Varga, analyste du courtier PVM.
La décision de S&P "ouvre une période de nervosité accrue pour la zone euro", détournant les opérateurs des actifs jugés plus risqués, dont le pétrole, notait-il.
De plus, le regain d'inquiétude sur l'Union monétaire accentuait vendredi la pression sur la monnaie unique européenne. Le renchérissement du dollar face à un euro déprimé contribue à rendre plus attractifs les achats de matières premières libellés dans la monnaie américaine pour les investisseurs munis d'autres devises.
"S'ils ne sont plus soutenus par les autres marchés financiers, les prix du pétrole vont s'affaiblir, minés par l'apaisement des tensions géopolitiques et l'existence d'un important surplus de production qui ne va faire que grossir dans les mois qui viennent" à l'échelle mondiale, ajoutaient les experts de Commerzbank.
Le marché continuait en effet de digérer des informations de presse de mercredi, selon lesquelles l'Iran envisagerait de suspendre ses activités nucléaires pour échapper aux sanctions de l'Union européenne (UE) - lesquelles avaient gonflé ces derniers mois la prime de risque sur les prix du baril.
Par ailleurs, l'annonce mercredi d'une nouvelle forte hausse des stocks de brut aux Etats-Unis avait renforcé les doutes sur la demande du premier pays consommateur de brut.
Dans ce contexte, les opérateurs attendaient avec fébrilité vendredi les premières estimations du Produit intérieur brut (PIB) américain au premier trimestre.
"Cependant, même des indicateurs moroses aux Etats-Unis peuvent au final soutenir les cours du pétrole, car ils rendent plus probable une réactivation des recettes magiques de la Réserve fédérale américaine (Fed)" pour aider l'économie, tempérait Tamas Varga.
Les coups de pouce de la banque centrale peuvent se traduire par des injections de liquidités dans l'économie, qui encouragent les investissements dans les matières premières et diluent la valeur du dollar, tirant vers le haut les prix du pétrole.
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(AWP / 27.04.2012 12h45)