L'Opep+ doit convaincre le Mexique pour réduire sa production de 23%
Ces initiatives visent à enrayer la chute des cours du pétrole qui dépasse 50% depuis le début de l'année, un mouvement lié à l'effondrement exceptionnel de la demande de brut après les multiples mesures de confinement prises pour tenter de freiner la pandémie de coronavirus. Ce plongeon a été amplifié par la rupture du précédent pacte liant la Russie et l'Opep, qui a amené l'Arabie saoudite à déclencher une guerre des prix en gonflant sa production.
Le prix du baril de Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. est tombé fin mars sous 22 dollars, son plus bas niveau depuis 2002, avant de regagner dix dollars grâce aux espoirs de diminution de l'offre globale. Les marchés étaient fermés vendredi.
Lors d'une téléconférence organisée quelques heures plus tard, le roi Salman d'Arabie saoudite, le président russe Vladimir Poutine et l'américain Donald Trump ont évoqué l'importance de la coopération entre producteurs, a rapporté l'agence de presse officielle saoudienne SPA.
"Le souhait d'une coordination des mesures visant à stabiliser la situation des échanges pétroliers mondiaux et à atténuer l'impact négatif de la volatilité des prix pétroliers sur l'économie mondiale a été souligné", a déclaré de son côté le Kremlin.
La demande risque de chuter encore plus que la production
Mais le groupe "OPEP+" (qui n'inclut pas les États-Unis) a déclaré qu'un accord définitif nécessitait encore la signature du Mexique, qui renâcle à réduire sa production autant que souhaité par ses partenaires."J'espère que (le Mexique) finira par réaliser l'intérêt de cet accord, non seulement pour le Mexique mais pour le monde entier", a dit le ministre saoudien de l'Energie, Abdoulaziz ben Salman, à Reuters par téléphone.
Mexico a proposé de réduire sa production de 100.000 bpj sur les deux prochains mois, ce qui la ramènerait à 1,681 million de bpj, a précisé le ministre mexicain Rocio Nahle, sur Twitter. Mais les alliés du Mexique souhaitent une réduction quatre fois plus importante.
Au total, selon les documents que Reuters a pu consulter, l'OPEP+ réduirait ses pompages de 10 millions de bpj en mai et en juin, soit de 23%, ce qui représenterait 2,5 millions de bpj pour l'Arabie saoudite comme pour la Russie et un peu plus d'un million pour l'Irak.
Le prochain grand rendez-vous est une téléconférence extraordinaire des ministres de l'Energie du G20 ce vendredi à 12h00 GMT, organisée par Ryad, qui préside le groupe des 20 principales économies mondiales.
Pour la banque américaine Goldman Sachs, il est peu probable que les réductions de production évoquées suffisent à compenser la chute de la demande: elle estime que la pandémie devrait amputer celle-ci de 19 millions de bpj sur avril-mai.
Pour ses analystes, les réductions envisagées, si elles finissent par s'appliquer, "seraient encore trop faibles et trop tardives pour empêcher une baisse des cours dans les prochaines semaines alors que les capacités de stockage vont arriver à saturation".
(c) Reuters