Accord à portée de main des producteurs de pétrole sur une baisse de l'offre
Un communiqué de l'Organisation des producteurs de pétrole (OPEP), publié après onze heures de discussions par visioconférence, a fait état d'une entente préalable sur une diminution de l'offre mondiale de 10 millions de baril de brut par jour (mbj) en mai et juin.
Il reste cependant un obstacle: un pays non-membre du cartel, le Mexique, n'a pas donné son approbation. Or, elle est indispensable pour entériner une décision à la hauteur de la crise qui frappe le secteur en ces temps de pandémie mondiale du coronavirus.
"Il existe un accord à 80%", avait assuré dans la soirée le ministre iranien du Pétrole Bijan Namdar Zanganeh, qui prenait part aux négociations menées sous l'égide de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de la Russie, non membre du cartel.
Alors que sur les marchés on pouvait craindre des frictions entre Ryad, leader de l'OPEP, et Moscou, le Mexique bloque tout en trouvant excessif l'effort qui lui est réclamé, comparé à d'autres pays, selon l'agence d'informations financières Bloomberg.
Le retrait de dix millions de barils serait pour l'essentiel supporté par l'Arabie saoudite et la Russie, mais au moins une vingtaine d'autres pays devraient participer à l'effort, d'après la même source.
"Ils sont proches d'un accord, nous saurons bientôt ce qu'il en est", a voulu rassurer Donald Trump lors d'un point de presse jeudi à Washington, après un échange avec son homologue russe Vladimir Poutine et le roi Salmane d'Arabie saoudite.
"Ils annonceront probablement quelque chose aujourd'hui [jeudi] ou demain" vendredi, affirmait le président américain.
Les États-Unis, premier producteur mondial, ne sont pas non plus membre de l'alliance OPEP+ mais souhaitent une réduction de l'offre pour stabiliser les prix, et redonner de l'air à leur industrie de pétrole de schiste, en grande difficulté.
Cercle élargi
En raison du confinement de la moitié de la population mondiale pour limiter la pandémie de Covid-19, du fort ralentissement des transports et de la baisse de la production industrielle, la demande de pétrole est en chute libre.Alors qu'ils tournaient encore autour de 60 dollars il y a quelques mois, les cours du baril ont atteint en début de semaine dernière des niveaux plus vus depuis 2002. Le prix du baril selon le panier de l'OPEP est juste au-dessus de 21 dollars.
Les 13 pays de l'OPEP et leurs 10 pays partenaires, avec lesquels ils forment l'alliance OPEP+, tentent donc de réagir.
Mais les deux pays ont ensuite été surpris par la rapidité de la propagation du virus et par ses répercussions spectaculaires sur la demande. La secousse est d'autant plus forte que l'offre mondiale de brut était déjà excédentaire avant la pandémie.
Même si l'accord devait finalement être entériné, plusieurs analystes disent douter de la capacité des producteurs à soutenir les cours.
"Une réduction de 10 millions de barils par jour en mai et juin empêchera d'atteindre les limites de stockage et évitera aux prix de tomber dans un abîme, mais elle ne permettra toujours pas de rétablir l'équilibre souhaité du marché", selon les analystes de Rystad Energy.
Désireuse de forger la coalition la plus large possible, l'OPEP+ avait pour la première fois invité des pays producteurs de pétrole extérieurs à son alliance. Le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak a salué jeudi la présence de neuf pays supplémentaires, dont le Canada et la Norvège.
Les États-Unis, quoique conviés, ne peuvent participer directement à ces discussions en raison de leur sévère réglementation "antitrust" interdisant ce type d'entente.
Le cercle des participants à l'accord pourrait encore s'élargir avec la tenue vendredi d'une réunion des ministres de l'Énergie du G20, qui examineront à leur tour la possibilité d'un action concertée. Et une nouvelle réunion de l'OPEP est programmée le 10 juin, "pour décider de mesures supplémentaires, autant qu'il sera nécessaire pour équilibrer le marché".
(c) AFP