Venezuela: endetté et délabré, le secteur pétrolier à l'agonie
Les problèmes de Petroleos de Venezuela S.A. se sont accentués avec les sanctions américaines décidées en août, qui ont limité son accès à l'emprunt.
La production pétrolière n'en finit pas de décliner et la majorité des revenus issus de ses exportations servent à rembourser des crédits qui se chiffrent en milliards de dollars.
Cette réduction des revenus issus de l'or noir signifie qu'il y a pour ce pays d'Amérique latine "un réel risque de faire défaut", explique Tamas Varga, analyste chez PVM Oil Associates à Londres.
Sanctions et ouragan
Avec les sanctions américaines, le Venezuela fait face à de nouvelles difficultés.
En août, le président Donald Trump a signé un décret qui prévoit l'interdiction d'acheter de nouvelles obligations émises par le gouvernement vénézuélien ou la compagnie pétrolière nationale.
"Ces mesures ont été soigneusement calibrées pour priver la dictature Maduro d'une source cruciale de financement", a souligné la Maison Blanche, qualifiant le régime en place de "dictature".
Une situation qui a poussé l'agence de notation Fitch à abaisser la note de solvabilité du pays en août, estimant que son risque de faire défaut était maintenant "probable".
En octobre et novembre, le Venezuela et PDVSA doivent rembourser environ 3,8 milliards de dollars de dette qui arrivent à échéance.
Et avec le passage dévastateur de l'ouragan Harvey au Texas, la situation s'est encore aggravée: plusieurs raffineries de pétrole aux Etats-Unis ont dû cesser leur activité en raison d'inondations et de coupures de courant. Or une partie de ces sites traite le brut vénezuelien.
L'ouragan a aussi empêché les tankers de livrer le brut sur les côtes texanes, portant un coup dur au fragile système d'exportation du pétrole vénézuélien.
Les plus grandes réserves mondiales
Le Venezuela, qui dispose des plus importantes réserves pétrolières au monde, produit 1,9 million de barils par jour, dont 40% sont exportés vers les Etats-Unis, son premier client. Pour sa part, le pays latino-américain ne contribue que pour 8% au pétrole importé par les Etats-Unis, qui se fournit majoritairement auprès du Canada et de l'Arabie saoudite.
Mais le brut vénézuélien -- à forte teneur en soufre -- est de qualité inférieure à celui de l'Arabie Saoudite, et bien plus couteux à extraire ou à traiter.
Pour que le Venezuela puisse équilibrer ses comptes publics grâce au pétrole, il faudrait que son prix soit "bien supérieur à 125 dollars le baril", explique James Williams, analyste pétrolier pour WTRG aux Etats-Unis.
Selon le dernier rapport annuel du PDVSA, le prix moyen du baril vénézuélien en 2016 était de 35,15 dollars.
Avec l'effondrement des cours observé depuis trois ans, l'économie du pays est en chute libre. Et entre 2015 et 2016, le chiffre d'affaires de la compagnie pétrolière nationale a dégringolé de 33,5%.
Manque d'investissement
Dans ces circonstances, les tarifs préférentiels auxquels le Venezuela vend son pétrole à Cuba et d'autres Etats caribéens deviennent difficilement soutenables.
Mais surtout, les investissements dans les infrastructures - champs pétroliers et pipelines de PDVSA - ont été très insuffisants.
Les récents efforts de l'OPEP, dont le Venezuela fait parti, pour faire remonter les cours du pétrole en instaurant des quotas limitant la production, ne devraient pas aider Caracas, estiment les analystes, pour qui seul un changement de gouvernement pourrait redresser le pays.
(c) AFP