Le brut new-yorkais, dopé par la Syrie, à son plus haut en deux ans
(reprise de vendredi soir)
New York - Le prix du pétrole coté à New York a grimpé à son plus haut niveau en deux ans vendredi, les investisseurs craignant un regain de tension autour de la Syrie et accueillant avec fébrilité des chiffres mitigés sur l'emploi américain.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en octobre s'est apprécié de 2,16 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 110,53 dollars, un montant qu'il n'avait plus atteint depuis mai 2011.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre a terminé à 116,12 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 86 cents par rapport à la clôture de jeudi.
"L'animosité de ce matin entre (les président russe et américain) Vladimir Poutine et Barack Obama a ravivé la crainte d'une escalade de la situation autour de la Syrie", a observé James Williams de WTRG Economics.
Depuis Saint-Pétersbourg où se tenait un sommet du G20, Barack Obama a tenté de rallier le maximum de soutiens à son projet d'attaque contre le régime de Damas accusé d'avoir eu recours à des armes chimiques contre des populations civiles, insistant sur le fait que le monde ne pouvait pas "rester les bras ballants".
M. Poutine a indiqué de son côté que la Russie se tenait prête à "aider" la Syrie si elle était attaquée.
Le G20 sort au final scindé en deux camps de ces deux jours de sommet électrique, où la guerre civile syrienne a complètement dominé les habituels sujets économiques.
La Syrie est un tout petit producteur de pétrole mais les marchés craignent qu'une intervention internationale ne déstabilise l'ensemble du Moyen-Orient, où est produit environ un tiers du brut mondial.
Les cours du brut ont par ailleurs été tirés vers le haut par le rapport mensuel des autorités américaines sur l'emploi aux Etats-Unis.
Selon ce document, le taux de chômage a baissé de 0,1 point à 7,3% en août dans le pays, atteignant son plus bas niveau depuis décembre 2008.
Mais ce recul "est plus dû à une baisse de la population active", descendue à son plus bas niveau depuis 35 ans, "qu'à de nouveaux emplois", a remarqué l'analyste indépendant Andy Lipow.
De fait, seulement 169'000 emplois ont été créés le mois dernier alors que les experts s'attendaient à 177'000 nouvelles embauches. De plus les créations d'emplois des deux mois précédents ont été drastiquement revues en baisse: à 172'000 emplois en juin et non plus 188'000 comme annoncés précédemment et à 104'000 emplois en juillet et non plus 162'000.
Le marché du brut a toutefois "plutôt bien accueilli ces chiffres médiocres car les investisseurs estiment que cela va inciter la Fed à retarder toute décision sur un possible ralentissement de ses mesures de soutien", a souligné M. Lipow.
Cette perspective déclenchait parallèlement un accès de faiblesse du dollar, qui a tendance à rendre plus attractifs les achats de brut libellé en monnaie américaine pour les investisseurs munis d'autres devises.
La banque centrale américaine injecte actuellement chaque mois 85 milliards de dollars dans le système financier américain, une mesure qui a entre autre effets de favoriser les investissements dans les actifs jugés risqués comme les matières premières. Ses responsables ont plusieurs fois suggéré ces derniers mois qu'ils pourraient y mettre un frein lors de leur prochaine réunion les 17 et 18 septembre.
afp/rp
(AWP / 09.09.2013 06h21)