Le brut en légère hausse après l'embargo européen sur le brut iranien
Vers 17h00 GMT (18h00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars s'échangeait à 110,43 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en progression de 57 cents par rapport à la clôture de vendredi.
Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance gagnait pour sa part 54 cents à 98,87 dollars.
Les cours du baril limitaient nettement leurs gains après avoir gagné jusqu'à 1,50 dollar à Londres comme à New York, peu après l'ouverture des marchés américains, alors que le soutien apporté par de nouvelles sanctions européennes contre Téhéran commençait à s'estomper.
Les pays de l'UE se sont mis d'accord lundi pour imposer un embargo pétrolier graduel contre l'Iran ainsi que pour sanctionner sa banque centrale afin d'assécher le financement de son programme nucléaire - une décision largement anticipée par les investisseurs.
"Cet embargo est déjà en grande partie intégré dans les prix du pétrole", commentait Amrita Sen, analyste de Barclays Capital.
De plus, le report à juillet d'un embargo total "permettra aux pays de muscler leurs stocks pétroliers avant que l'embargo complet soit instauré" et de trouver des sources d'approvisionnement alternatives, "une perspective qui avait déjà pesé sur les cours la semaine dernière", ajoutait-elle.
L'Iran vend environ 20% de son pétrole aux pays de l'UE, notamment à la Grèce, à l'Italie et à l'Espagne.
"Les risques géopolitiques (pour la production mondiale de pétrole) sont récemment devenus si élevés que le marché semble totalement paralysé par l'attentisme, il attend de voir quels changements majeurs et quelles perturbations vont réellement affecter l'offre de brut", relevait Mme Sen.
De fait, les investisseurs guettent désormais la réaction de Téhéran, abondait Peter Beutel, directeur de la société américaine Cameron Hanover.
"L'Iran pourrait prendre des mesures de rétorsion, ce qui ferait bondir les cours du baril", en particulier en cas de perturbations dans le détroit d'Ormuz, soulignait-il. Par cette voie stratégique, contrôlée par l'Iran, transitent 35% du trafic pétrolier maritime mondial.
"Mais l'Iran peut aussi décider d'ignorer cette annonce, et dire comme à son habitude qu'il est assez robuste pour résister à un tel embargo, ou bien il peut décider de revenir à la table des négociations, ce qui ferait baisser la pression sur les prix", ajoutait M. Beutel.
De plus, l'essentiel (65%) des exportations de brut de l'Iran est réalisé vers l'Asie, notamment en direction de la Chine (22%), du Japon (13%) et de l'Inde (12%), qui semblent pour l'instant peu pressés d'emboîter le pas à l'UE.
Cependant, en-dehors de l'Iran, "les inquiétudes sur les approvisionnements de brut se renforcent ailleurs dans le monde, notamment au Nigeria où des attaques meurtrières ont eu lieu ce week-end (...) et au Soudan du Sud, qui a annoncé suspendre sa production", soulignait de son côté David Hufton, analyste du courtier PVM.
Le Soudan du Sud a ordonné vendredi l'arrêt de sa production de pétrole (environ 350'000 barils par jour) en raison d'un différend avec le Soudan, qu'il soupçonne de prélever une partie de ce pétrole lors du transit sur son territoire.
cha
(AWP / 23.01.2012 18h31)