Les sanctions contre l'Iran, un risque pour l'offre pétrolière, juge l'AIE
Dans son rapport mensuel sur le pétrole, l'agence observe certes un "retour au calme du marché" qui profite actuellement aux consommateurs.
Les cours ont en effet baissé ces derniers mois: le baril de Brent valait près de 72 dollars vendredi matin alors qu'il avait franchi la barre des 80 dollars en mai.
Mais l'AIE, qui conseille 30 pays développés sur leur politique énergétique, estime que cette accalmie "pourrait ne pas durer".
"Quand les sanctions pétrolières contre l'Iran prendront effet, peut-être conjointement avec des problèmes de production ailleurs, le maintien de l'offre mondiale pourrait s'avérer très difficile", et le maintien de marges de manoeuvre adéquates serait menacé, met-elle en garde.
Les perspectives pour le marché pourraient s'avérer alors "beaucoup moins calmes" qu'elles ne le sont aujourd'hui, estime l'agence basée à Paris.
Sanctions en novembre
Les sanctions ont été décidées par les États-Unis à la suite de leur retrait unilatéral en mai de l'accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 avec les grandes puissances.
Elles ont déjà été rétablies mardi dans certains domaines comme les transactions financières et les importations de matières premières, assorties de mesures pénalisantes sur les achats dans le secteur automobile et l'aviation commerciale.
Les précédentes sanctions contre l'Iran s'était traduites par une chute des exportations de brut de 1,2 million de barils par jour (mbj) mais "cette fois-ci l'impact pourrait être encore plus sévère", selon l'AIE.
Elle note aussi que si les inquiétudes sur l'offre se sont calmées pour l'instant, la production saoudienne a été affectée par un déclin surprise en juillet: elle a en effet baissé de 110.000 barils par jour (b/j) à 10,35 mbj, avec un déclin des exportations.
Le royaume s'était pourtant récemment engagé à accroître ses extractions pour limiter la hausse des cours. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), dont l'Arabie saoudite est le chef de file, s'était engagée fin juin, avec ses partenaires dont la Russie, à augmenter sa production.
D'autre pays membres de l'OPEP ont moins pompé d'or noir le mois dernier, à commencer par le Venezuela et la Libye, deux pays en proie à de graves troubles politiques.
Cette baisse a cependant été compensée par une production plus importante des Emirats arabes unis, du Koweït et du Nigeria. Au final, la production du cartel est restée stable.
Tensions commerciales
Côté demande, l'AIE a légèrement revu à la hausse (+110.000 b/j) ses prévisions de croissance pour l'année prochaine, mais elle a prévenu que d'importantes incertitudes pesaient sur cette prévision.
D'une part les tensions sur l'offre pourraient se traduire par une hausse des cours et ainsi affecter la demande.
Mais surtout les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine risquent de s'aggraver et de se traduire par un ralentissement économique et une demande pétrolière plus faible.
"Les risques causés par les tensions commerciales ont encore augmenté, menaçant de réduire significativement la croissance de certains pays exportateurs", souligne l'agence.
A partir du 23 août, les États-Unis taxeront à 25% une nouvelle série de produits chinois pour une valeur de 16 milliards de dollars et Pékin a répliqué avec des mesures similaires. Les États-Unis ont d'ores et déjà menacé de taxer 200 milliards de dollars de marchandises chinoises supplémentaires à partir de septembre.
(c) AFP