Canada: l'économie en panne avec la chute du pétrole
Le Canada, cinquième producteur de pétrole de la planète, a vu sa croissance reculer de 0,6% en rythme annuel sur les trois premiers mois de l'année avec la "baisse notable" de l'activité du secteur pétrolier, conséquence d'une chute d'environ 50% des prix depuis l'été dernier.
Il s'agit du premier repli du PIB réel depuis le deuxième trimestre de 2011, a indiqué Statistique Canada dans un communiqué, en notant que le PIB du trimestre avait reculé de 0,1%, après une hausse de 0,6% au quatrième trimestre 2014.
La banque centrale avait prévenu la semaine dernière d'une croissance nulle pour le début de l'année, tandis que les analystes s'attendaient plutôt en moyenne à une croissance de 0,2% en rythme annuel.
L'activité du secteur de l'extraction minière, pétrolière et gazière --qui compte pour 10% dans l'économie canadienne--, a baissé de 2,7% sur le trimestre principalement sur une chute de 30% de toutes les activités annexes, comme les services pétroliers avec la fourniture de tubes ou l'exploration, ou encore la logistique.
La chute des prix de l'or noir affecte en particulier l'Alberta, province de l'Ouest canadien qui alimentait la croissance canadienne ces dernières années, et qui devrait se retrouver en récession en 2015, avec des milliers de pertes d'emplois, prédisait jeudi le Conference Board du Canada, organisation de prévision économique.
Le marasme dans le secteur de l'extraction des matières premières s'est traduit par un recul marqué des investissements industriels, qui ont enregistré leur baisse la plus marquée depuis la fin de la récession en 2009.
"A ces difficultés, sont venus se greffer un hiver dur et un recul surprenant du PIB des Etats-Unis" qui s'est contracté de 0,7% en rythme annualisé, a noté l'économiste Douglas Porter de la Banque de Montréal en révisant à la baisse la prévision de croissance de l'économie canadienne pour cette année, à 1,5%.
La détérioration de la situation économique aux Etats-Unis, principal partenaire commercial du Canada, a aussi contribué à une diminution des exportations et des importations canadiennes, notamment dans le secteur de l'automobile, au moment où la faiblesse du dollar canadien devrait plutôt stimuler le commerce extérieur.
Au même moment, les dépenses de consommation des ménages, moteur de la croissance au Canada, n'ont augmenté que de 0,1% (en rythme trimestriel), soit la "plus faible hausse" depuis près de trois ans, selon Statistique Canada.
Résultat, la demande intérieure finale a diminué de 0,4% au premier trimestre, après avoir augmenté de 0,4% au trimestre précédent.
Cette léthargie "va alimenter les spéculations sur une nouvelle baisse" du taux directeur de la Banque du Canada, "bien que celle-ci semble pour l'instant invraisemblable à moins que l'économie continue d'en arracher dans la seconde moitié de l'année", a estimé Avery Shenfeld de la banque CIBC.
La Banque centrale avait maintenu mercredi à 0,75% son taux directeur qu'elle avait abaissé d'un quart de point en janvier pour donner de l'oxygène à l'économie. Cette baisse était la première au Canada depuis plus de quatre ans.
Le gouverneur de la Banque, Stephen Poloz avait estimé il y a quelques jours qu'"une croissance qui est trop tributaire des taux d'intérêt bas et des dépenses des ménages est insoutenable".
Il estimait que l'économie canadienne ne reprendrait une allure de croisière qu'en toute fin 2016 pour peu que l'inflation reste maîtrisée et que les prix du pétrole ne viennent pas gripper le moteur.
(c) AFP