Les violences en Irak, un danger pour la production irakienne et les prix de l'or noir
- Comment les prix du pétrole sont-ils influencés par les violences en Irak ?
Même si les combats n'ont pas encore atteint les installations pétrolières du Sud (d'où partent 90% des exportations irakiennes de brut), les prix du pétrole ont grimpé la semaine dernière à leur plus haut niveau depuis septembre (114,69 dollars le baril pour le Brent et 107,68 dollars pour le WTI), les investisseurs s'inquiétant de la pérennité de l'offre pétrolière irakienne.
L'offre irakienne n'étant pour l'instant pas perturbée, la flambée des cours du brut s'est quelque peu calmée depuis.
Si les exportations irakiennes venaient à être suspendues, elles seraient difficiles à remplacer sur les marchés internationaux, le pays exportant 2,5 millions de barils par jour (mb/j). Dans ce cas, l'impact sur les prix du pétrole serait significatif, préviennent les analystes de Morgan Stanley.
Les capacités de production non utilisées de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole, dont l'Irak fait partie, ndlr) d'environ 3 mb/j pourraient remplacer une partie (de l'offre irakienne), mais avec un coût substantiel, mettent-ils en garde.- Quel est l'impact de l'attaque de la principale raffinerie du pays par les jihadistes ?
L'attaque contre la principale raffinerie de Baïji peut constituer une source de pétrole pour l'EIIL (État islamique en Irak et au Levant) et ses partisans (...) Mais elle ne fournit pas de pétrole hors d'Irak et l'impact de l'attaque (sur les marchés internationaux) est probablement moindre que ce que l'on craint, juge Rebecca O'Keeffe, analyste de la maison de courtage Interactive Investor.
Toutefois, selon Abhishek Deshpande, analyste chez Natixis, la prise de Baïji démontre l'influence croissance d'EIIL, qui n'est pas seulement une menace pour la stabilité politique de l'Irak mais aussi pour les installations et l'offre pétrolières irakiennes.
En ciblant les installations pétrolières, EIIL s'empare lentement des revenus du gouvernement et des approvisionnements énergétiques essentiels. S'il continue avec cette stratégie, en évoluant dans le Kurdistan irakien ou dans le sud de l'Irak, il pourrait paralyser les finances de Bagdad, prévient l'analyste de Natixis.
Les ventes de brut représentent plus de 75% du PIB et plus de 90% des revenus de l'Etat irakien, selon le Fonds monétaire international (FMI).
- Qu'en est-il des installations pétrolières du Kurdistan irakien ?
Tout est normal (au Kurdistan irakien), nous faisons des forages, nous exécutons des travaux de constructions majeurs dans cette zone. Les choses avancent bien et les opérations ne sont pas interrompues, a fait savoir Leo Koot, président de Taqa Iraq, qui opère dans cette région, mercredi lors de la conférence Iraq Petroleum 2014 à Londres.
En fait, notre région est plus en sécurité maintenant qu'avant parce que (nos forces de sécurité) ont dû avancer quelques kilomètres au sud, pour sécuriser notre population, a expliqué à l'AFP Taha Zanghana, ministre adjoint des Ressources naturelles du gouvernement régional kurde, en marge de cette conférence.
La semaine dernière, les forces kurdes ont en effet pris le contrôle total de la ville pétrolière de Kirkouk, que se disputent la région autonome du Kurdistan et le gouvernement central.
- Quel pourrait être l'impact à long terme sur les marchés mondiaux de l'énergie des violences en Irak ?
A plus long terme, même si le sud pétrolifère reste intact, la dégradation de la situation sécuritaire pourrait décourager la poursuite des investissements dans le secteur énergétique irakien, dont le pays a besoin pour atteindre ses ambitieux objectifs de production.
L'Irak vise en effet une production de 8,4 mb/j après 2018, avait indiqué la semaine dernière à Vienne, lors de la réunion de l'Opep, le ministre irakien du Pétrole, Abdelkarim al-Louaïbi.
Or, le monde a grandement besoin du pétrole irakien, censé apporter 60% de la hausse de la production mondiale attendue d'ici 2019 selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
Deuxième producteur de l'Opep, l'Irak détient plus de 11% des réserves prouvées dans le monde et produit actuellement près de 3,4 mb/j.