Le brut se replie, dans un marché préoccupé par l'Espagne
Vers 10H20 GMT (12H20 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait 105,12 dollars sur l'IntercontinentalExchange (ICE) de Londres, son plus bas niveau depuis le 20 décembre, en baisse de 1,56 dollar par rapport à la clôture de mardi.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 1,18 dollar, à 89,58 dollars.
Les cours du baril accentuaient leur repli de la veille, dans un marché ébranlé par un regain d'inquiétude sur la zone euro: alors que l'avenir de la Grèce est toujours incertain, suspendu au scrutin législatif du 17 juin, "les investisseurs tournent désormais leur attention vers l'Espagne", notait Tamas Varga, analyste du courtier PVM.
L'abaissement de B à BB- de la note souveraine du pays par la petite agence de notation américaine Egan-Jones "a mis un terme mardi au relatif enthousiasme du marché" enregistré en début de semaine, "en rappelant la situation toujours critique des Etats dits périphériques de la zone euro", soulignait-il.
Alors que l'Espagne fait actuellement face à une récession qui devrait perdurer au deuxième trimestre, le secteur bancaire du pays, affaibli par ses actifs immobiliers à risques, concentre les préoccupations des investisseurs.
Ces craintes étaient renforcées mercredi par des spéculations, démenties par l'Espagne, que le gouvernement a présenté à la Banque centrale européenne (BCE) son schéma de recapitalisation pour Bankia, troisième banque du pays par les actifs.
Des informations de presse avaient fait, avant ce démenti, état d'un rejet de ce plan par la BCE, de quoi alimenter encore un peu plus la nervosité du marché.
"Les gestionnaires d'actifs fuient désormais les marchés de matières premières" jugés trop risqués, observait M. Varga.
Dans ce contexte, "le renchérissement du dollar face à un euro affaibli par la crise bancaire espagnole a rendu la vie encore plus difficile au marché du pétrole", relevaient les experts de Commerzbank.
L'euro poursuivait sa chute mercredi pour atteindre son plus bas niveau depuis le 1er juillet 2010 face à un dollar aidé par son statut de valeur refuge. L'appréciation du billet vert contribue à rendre moins attractifs les achats de pétrole, libellé en dollars, pour les acquéreurs munis d'autres devises.
Par ailleurs, "le marché n'a pas été aidé par l'annonce en Chine, qu'aucun nouveau plan de relance de grande envergure n'était prévu par Pékin" pour soutenir la croissance du pays, deuxième consommateur de brut de la planète, notaient les experts du cabinet viennois JBC Energy.
Enfin, alors que l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut, a dopé sa production d'or noir ces derniers mois, "la surabondance de l'offre de pétrole actuellement sur le marché tend également à accentuer la pression à la baisse sur les cours", indiquaient les analystes de Commerzbank.
Selon eux, les chiffres hebdomadaires du Département américain de l'Energie (DoE), publiés cette semaine jeudi au lieu de mercredi en raison du lundi férié aux Etats-Unis, "devraient confirmer ce haut niveau de l'offre".
fah
(AWP / 30.05.2012 12h50)