Un pétrolier iranien est arrivé au Venezuela en proie à une pénurie d'essence
Le Fortune a accosté tôt lundi à El Palito, à environ 200 km à l'ouest de Caracas, une énorme raffinerie dotée d'un port.
Les navires "apportent des combustibles, des additifs, des pièces de rechange et d'autres équipements destinés à redresser notre capacité de raffinage et notre production pétrolière", a déclaré Tareck El Aissami, le ministre du Pétrole du président socialiste Nicolas Maduro lors d'une cérémonie protocolaire sur place.
Au total, les cinq pétroliers envoyés par la République islamique transportent 1,5 million de barils, selon la presse vénézuélienne.
Tant l'extraction de brut que son raffinage sont à genoux au Venezuela, pays qui traverse la pire crise économique et sociale de son histoire récente.
Si le Venezuela possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde, il ne produit plus qu'environ 622.000 barils par jour, soit un cinquième de son volume d'il y a dix ans, selon l'OPEP.
Le gouvernement de Nicolas Maduro estime que les sanctions américaines sont responsables de cette situation. Des experts et l'opposition autour de son chef de file Juan Guaido l'attribuent à des choix politiques erronés, au manque d'investissement et à la corruption.
"Conséquences" et "inquiétude"
A Caracas, d'ordinaire épargnée par les pénuries d'essence, des files d'attente kilométriques se sont formées devant les stations-service.
Sur le marché noir, le litre se vend jusqu'à trois dollars. Un prix astronomique au regard de la quasi gratuité de l'essence à la pompe assurée par le monopole d'Etat.
Osvaldo Rodriguez, étudiant de 22 ans, campe ainsi dans sa voiture dans l'attente d'un hypothétique approvisionnement de la station-service la plus proche en super.
Il dit craindre que les carburants iraniens ne soient vendus aux Vénézuéliens "au même prix qu'à l'étranger", sombre perspective dans un pays où le salaire minimum équivaut à 4,6 dollars par mois.
Les carburants iraniens vont donner "un peu d'air" à Nicolas Maduro "pendant un mois", mais ils ne vont pas "régler la très grave" pénurie, prévient l'analyste vénézuélien Luis Oliveros.
Les livraisons de l'Iran de carburant au Venezuela interviennent en plein regain de tension entre Téhéran, allié de Nicolas Maduro, et Washington.
L'Iran a mis en garde ces derniers jours contre des "conséquences" si les États-Unis empêchaient ses livraisons au Venezuela.
L'amiral Craig Faller, qui dirige le commandement Sud des États-Unis dans les Caraïbes, a déclaré que Washington suivait "avec inquiétude" les actions de l'Iran concernant le Venezuela, sans s'exprimer spécifiquement sur les pétroliers iraniens.
Washington, qui qualifie Nicolas Maduro de "dictateur" et souhaite sa chute, a imposé des sanctions sur les exportations de brut du Venezuela et de l'Iran, ainsi qu'à l'encontre de nombreux responsables gouvernementaux et militaires des deux pays.
L'Iran a manifesté de nombreuses fois son appui à Nicolas Maduro, qui est aussi soutenu par la Russie, la Chine et Cuba.
Les étroites relations entre Caracas et Téhéran datent de l'époque du défunt président Hugo Chavez (1999-2013), mentor et prédécesseur de Nicolas Maduro.
(c) AFP