Le pétrole reprend un peu son souffle à New York mais surveille l'Irak avec angoisse
Vers 13H20 GMT, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juillet gagnait 9 cents, à 106,62 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), évoluant à son plus haut niveau en neuf mois.
Après un bond de plus de deux dollars la veille, en raison des inquiétudes croissantes sur la situation explosive en Irak, les prix du pétrole oscillaient autour de l'équilibre à l'orée du week-end, partant brièvement dans le rouge, après une ouverture en hausse à New York, avant de regagner du terrain.
Les opérateurs digéraient notamment le fait que le sud du pays, qui concentre de 90% à 100% de la totalité de la production de pétrole actuelle, selon les estimations, semble n'être pas encore affecté par l'insurrection islamiste, le terminal de Bassora opérant normalement, a souligné Phil Flynn, de Price Futures Group.
Et les champs de pétrole dans le nord du pays dont une large partie est contrôlée par les insurgés, n'ont pas été actifs depuis un certain temps, l'acheminement de pétrole par oléoduc ayant été perturbé par des sabotages récurrents, a-t-il poursuivi.
Mais les derniers développements en Irak, avec la progression des jihadistes vers Bagdad, où se trouve le gouvernement central, les possibles frappes américaines et l'appel à prendre les armes d'un dignitaire chiite font que la situation ressemble de plus en plus à une guerre, a noté John Kilduff, de Again Capital.Avec la débandade des forces armées face à leurs avancées, les jihadistes se trouvaient à moins de 100 km de Bagdad après avoir réussi à prendre depuis mardi Mossoul et sa province Ninive (nord), Tikrit et d'autres régions de la province de Salaheddine, ainsi que des secteurs des provinces de Diyala (est) et de Kirkouk (nord). Ils contrôlent depuis janvier Fallouja à 60 km à l'ouest de Bagdad.
Et la menace potentielle que fait peser cette insurrection sur la production de quelque 3 millions de barils de pétrole par jour, qui représente environ 10% de la production de l'Opep, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, est majeure car ce n'est pas un volume qui peut être remplacé facilement en cas de perturbations, et c'est cela qui inquiète les marchés de l'énergie, a expliqué M. Kilduff.
Il s'agit de la plus grave menace (géopolitique) à laquelle le marché de l'énergie doit faire face depuis longtemps, a estimé M. Flynn.
L'Irak a produit 3,33 mb/j en mai, selon des sources secondaires citées par l'Opep, dont ce pays est le deuxième pays producteur derrière l'Arabie saoudite, et devant l'Iran et le Koweït.
Jusque-là en pleine progression, sa production n'a jamais été aussi importante depuis 30 ans.