Le brut recule à New York malgré les combats en Libye
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en avril a terminé à 104,38 dollars, en baisse de 64 cents par rapport à la veille.
En hausse en matinée, ils sont passés dans le rouge après la publication des statistiques hebdomadaires sur les stocks pétroliers des Etats-Unis. Ces chiffres ont montré une augmentation plus forte que prévu (+2,5 millions de barils) des réserves de brut aux Etats-Unis.
Surtout, au terminal de Cushing (Oklahoma, Sud), déjà au bord de la saturation, les réserves ont atteint un nouveau niveau record, à plus de 40 millions de barils.
Il s'agit du principal centre de stockage des Etats-Unis, où est conservé le WTI, le brut pompé dans l'ouest du Texas qui sert de référence sur le marché new-yorkais.
"Si (ces stocks) continuent d'augmenter à ce rythme, on pourrait observer des difficultés importantes avec les livraisons du brut", a prévenu Nic Brown, de Natixis.
L'augmentation de l'offre d'or noir à Cushing "a contribué à affaiblir les cours du WTI", a estimé Tom Bentz, de BNP Paribas.
A Londres, "le Brent évolue de son côté en réaction aux événements au Moyen-Orient, et il est plus sensible aux pertes de brut en provenance de Libye", qui alimente surtout le marché européen, a-t-il poursuivi.
Le baril de Brent de la mer du Nord à échéance avril a gagné 2,88 dollars à 115,94 dollars.
Les forces de Mouammar Kadhafi bombardent des positions dans l'Est de la Libye et combattent les insurgés à l'Ouest.
Le marché est resté concentré sur le port pétrolier de Ras Lanouf, à l'Est de Tripoli, où selon l'opposition des raids aériens de l'armée ont touché mercredi plusieurs installations pétrolières.
Un journaliste de l'AFP a observé des flammes hautes de plusieurs centaines de mètres dans le ciel au-dessus de la raffinerie As-Sidra à environ 5 km à l'ouest de Ras Lanouf. Un témoin a indiqué qu'un oléoduc avait été touché.
"Le Brent est plus représentatif de la situation au Moyen-Orient que le WTI", a commenté Rich Ilczyszyn, de la maison de courtage Lind-Waldock.
Par ailleurs, "le marché aura du mal à vraiment baisser avant vendredi, la +journée de colère+ en Arabie Saoudite", premier pays producteur au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a-t-il ajouté.
Selon Choukri Ghanem, le président de la Compagnie pétrolière nationale de Libye, le pays ne produit plus que 500'000 barils de pétrole par jour, contre 1,6 million avant le début de la révolte, à la mi-février.
Le ministre algérien de l'Energie et des Mines Youcef Yousfi, dont le pays est membre de l'Opep, a malgré tout affirmé qu'il n'y avait "pas de pénurie" d'or noir sur le marché.
Alors que le régime du colonel Kadhafi accentue la pression sur la rébellion, "la question qui commence à se poser, c'est de savoir si une consolidation du gouvernement se traduirait par un retour rapide du pétrole libyen", ont relevé les analystes de Barclays Capital.
"Pour nous, la réponse est probablement non, un retour sur le marché mondial serait difficile, et peut-être lent", ont-ils poursuivi.
rp
(AWP/10 mars 2011 06h21)