Le brut accentue sa baisse, spéculations sur la Libye et l'Opep
Vers 17H15 GMT (18H15 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril s'échangeait à 112,81 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 2,23 dollars par rapport à la clôture de lundi.
Il perdait plus de 6 dollars par rapport au sommet atteint la veille à 118,50 dollars, qui l'avait rapproché d'un sommet en deux ans et demi atteint la semaine dernière (119,79 dollars).
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance lâchait 1,12 dollar à 104,32 dollars, après être grimpé la veille à son plus haut niveau depuis septembre 2008.
"Les prix ont essuyé une correction, qui s'explique par des prises de bénéfices", commentait Myrto Sokou, analyste du courtier londonien Sucden Financial.
"Les investisseurs restent prudents et ont probablement préféré engranger quelques bénéfices après les gains significatifs du marché du pétrole ces derniers jours", faisait-elle valoir.
Par ailleurs, ce repli des prix du brut "s'apparente un peu à une réaction de soulagement, alors que les pays producteurs clefs de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) discutent d'accroître leur production", soulignait de son côté Manoj Ladwa, courtier de ETX Capital.
Le ministre koweïtien du Pétrole, cheikh Ahmad Abdallah Al-Sabah, a indiqué mardi que les membres de l'Opep menaient des consultations informelles sur l'impact des troubles en Libye, tout en démentant que le Koweït, cinquième producteur du cartel, ait augmenté sa production.
Le ministre saoudien du Pétrole Ali al Nouaïmi a quant à lui estimé plus tard mardi que l'offre de pétrole brut était "très adaptée" aux besoins des marchés mondiaux.
Mais selon des sources industrielles citées par le Financial Times, le Koweït, les Emirats arabes unis et le Nigeria entendent néanmoins augmenter leur production dans les semaines à venir, une hausse pouvant atteindre au total 300'000 barils par jour.
Par ailleurs, "l'évocation des tentatives de (Mouammar) Kadhafi pour négocier son départ de Libye avec toutes les garanties possibles a incité les prix du pétrole à effacer une partie des gains engrangés récemment", poursuivait M. Ladwa.
Un représentant du colonel Kadhafi a proposé d'ouvrir des négociations avec l'opposition, mais cette offre a été immédiatement rejetée, ont assuré mardi les insurgés opposés au régime. L'administration du colonel a de son côté catégoriquement démenti toute offre de négociation.
"Il semble que les tensions en Libye pourraient s'apaiser si (Mouammar) Kadhafi négocie son départ. Mais il n'y a pas de confirmation officielle des autorités libyennes, et dans le doute, on devrait vite renouer avec la volatilité et la nervosité", ajoutait Mme Sokou.
Une prudence que partageait le courtier d'ETX Capital: "mon inquiétude est que les tensions soient loin de disparaître pour d'autres pays du Moyen-Orient", confiait M. Ladwa.
Le marché s'inquiète notamment de la "Journée de colère" prévue vendredi en Arabie saoudite, pour laquelle un appel circule sur le réseau social Facebook, alors que les autorités du royaume, premier exportateur mondial de brut, ont rappelé l'interdiction des manifestations dans le pays.
rp
(AWP/08 mars 2011 18h47)