Londres annonce des centaines de nouvelles licences pétrolières et gazières
Cette annonce intervient en plein questionnement, au sein de la majorité conservatrice mais aussi dans l'opposition travailliste, de certaines politiques vertes en raison de leur coût pour les Britanniques, durement frappés par l'inflation.
Avec cette annonce, Rishi Sunak, qui s'est présenté pendant le week-end en défenseur des automobilistes victimes des politiques vertes, s'oppose aussi frontalement aux travaillistes. Le Labour, largement donné en tête des prochaines élections législatives en 2024, veut mettre fin à l'octroi de nouvelles licences d'exploration pétrolière et gazière en mer du Nord.
"Il est plus que jamais vital que nous renforcions notre sécurité énergétique et capitalisions sur cette indépendance pour procurer de l'énergie plus abordable et propre aux foyers et entreprises britanniques", a ajouté Rishi Sunak.
Le Premier ministre a assuré que même quand le Royaume-Uni aura atteint son objectif de neutralité carbone en 2050, un quart de ses besoins en énergie proviendra du pétrole et du gaz.
Greenpeace a dénoncé un "stratagème politique cynique pour semer la division", dont "le climat est un dégât collatéral". "Alors qu'incendies et inondations dévastent habitations et vies à travers le monde, le gouvernement de Rishi Sunak a décidé de reculer sur des politiques clé sur le climat", a dénoncé Philip Evans, responsable climat chez Greenpeace Royaume-Uni.
⤵ Premières licences à l'automne
Les politiques vertes semblent sur la sellette au Royaume-Uni, notamment depuis la défaite surprise du Labour face aux conservateurs dans une élection locale de l'ouest de Londres.Ce résultat a été mis sur le compte de la défiance des électeurs face à l'extension prévue fin août d'une taxe sur les véhicules polluants à l'ensemble du Grand Londres voulue par le maire travailliste Sadiq Khan.
Sous forte pression d'une frange de la majorité, le gouvernement a laissé entendre que certains objectifs environnementaux pourraient être assouplis, notamment sur les normes énergétiques des logements.
Le soutien à l'exploitation pétrolière et gazière en mer du Nord va permettre de maintenir plus de 200.000 emplois, assure Downing Street.
Les premières nouvelles licences doivent être délivrées à l'automne.
Le gouvernement a dévoilé en outre deux premiers sites de capture et de stockage de CO2 en mer du Nord, secteur susceptible de soutenir jusqu'à 50.000 emplois, selon Downing Street. Mais certains écologistes accusent cette technologie de pouvoir servir d'excuse à la poursuite de l'exploitation des énergies fossiles.
Un "vernis vert", a dénoncé Friends of the Earth. Si cette technologie fonctionnait un jour, ce dont cette association doute à court terme, elle ne capterait pas "toute la pollution climatique causée par la combustion des énergies fossiles" ou les émissions lors de leur extraction.
Impliqué dans l'un d'eux, le groupe Shell a salué un "projet central" parmi les projets pour "décarboner les opérations en mer du Nord".
⤵ "Apathie" sur le climat
"Nous ferons la transition vers la neutralité carbone", a affirmé Rishi Sunak sur les ondes de la BBC en Ecosse. "Mais nous le ferons d'une manière proportionnée et pragmatique qui n'ajoute pas nécessairement au fardeau ou aux prix des factures des familles."Selon un sondage YouGov du printemps, 65% des Britanniques se disent inquiets des conséquences du changement climatique, mais ils s'opposent majoritairement à la plupart des mesures qui leur demanderaient un effort personnel.
Le Royaume-Uni subit les effets du réchauffement. Un rapport des services météorologiques a averti récemment que les températures record de l'été 2022, où les 40 Grad ont été dépassés, paraîtraient "fraîches" d'ici à la fin du siècle.
Fin juin, le secrétaire d'Etat chargé du climat au ministère des Affaires étrangères, Zac Goldsmith - proche de l'ex-Premier ministre Boris Johnson -, a quitté le gouvernement, reprochant notamment à Rishi Sunak de ne pas s'intéresser à l'environnement et dénonçant "l'apathie" de l'exécutif sur le climat.
(c) AFP