La baisse des cours du pétrole profite aux sociétés suisses
Depuis le début de l'été, les cours de l'or noir ont perdu près de la moitié de leur valeur. Ils se négocient désormais en dessous du fameux seuil de rentabilité fixé à 60 dollars (57,85 francs) le baril. Les tarifs n'ont jamais été aussi bas depuis cinq ans.
Une aubaine pour les pays importateurs de pétrole comme la Suisse. La chute des prix de l'or noir devrait entraîner une augmentation du produit intérieur brut (PIB) du pays entre 0,3 et 0,6%, en 2015.
"Si la baisse des prix du brut se répercute en premier lieu sur les tarifs à la pompe, elle profite à l'ensemble des secteurs de l'économie helvétique", a expliqué à l'ats Olivier Cadot, directeur de l'Institut de macroéconomie appliquée à HEC Lausanne.
DÉSASTRE POUR LA PLANÈTE
Sans surprise, les industries et les entreprises de transformation sont les premières gagnantes de cette dégringolade. "Le secteur des services en bénéficiera aussi, mais dans une très faible mesure", souligne Bruno Jacquier, économiste auprès de la banque privée Edmond de Rothschild.
Le secteur des énergies renouvelables va par contre souffrir de cet affaissement. "D'un point de vue environnemental, cette chute est catastrophique pour la planète", indique Olivier Cadot.
"Les investissements des entreprises qui ont déjà entamé le virage énergétique vont également être freinés par cette baisse", explique Sergio Rossi, directeur de la chaire de macroéconomie et d'économie monétaire à l'Université de Fribourg. Mais les recettes de l'impôt sur les carburants pourraient augmenter, suite à l'accroissement de la consommation d'essence.
Tarifs moins attractifs
Ce coup de fouet, qui touche la Suisse et l'Union européenne (UE), principale partenaire économique du pays, reste cependant marginal, pour Sergio Rossi.La baisse du prix du brut met du temps à se répercuter sur les prix à la pompe. Mais le phénomène est déjà bel et bien engagé. Les carburants s'achètent de longs mois à l'avance. "Et le manque de concurrence entre distributeurs sur sol helvétique n'améliore pas la situation", informe Sergio Rossi.
Et si la Réserve fédérale américaine (Fed) décide d'augmenter ses taux d'intérêt en 2015, cela va entraîner une dépréciation du franc face au dollar et les tarifs pétroliers négociés en monnaie américaine risquent d'être moins attractifs en Suisse."Il est clair que cette baisse des prix profite plus aux grands consommateurs d'énergie comme les Etats-Unis et la Chine. En Suisse et en Europe, l'impact de la chute est plus faible", déclare Bruno Jacquier.
Risque de déflation
Face à cette dégringolade, un recul de l'inflation est attendu. Le KOF a ainsi revu ses pronostics d'inflation à -0,1% pour 2015. "Face au risque de déflation, la Banque nationale suisse (BNS) devrait maintenir le taux plancher de 1,20 franc pour un euro", estime Bruno Jacquier.
Plus loin, les prix du pétrole devraient tendanciellement augmenter. "Les pays producteurs ne peuvent continuer indéfiniment à perdre de l'argent", remarque Olivier Cadot.
D'autant plus que la demande en produits pétroliers n'est pas en baisse au niveau mondial. "A l'heure actuelle, on remarque plutôt une progression moins prononcée", souligne Bruno Jacquier.
Difficile pourtant de déterminer avec précision le moment de la hausse effective. "Cela dépend de tellement de facteurs et de la situation de nombreux pays comme la Chine et l'Inde, par exemple", indique Olivier Cadot.
"En attendant, les pays européens qui profitent de cette chute feraient bien d'augmenter leurs taxes sur les carburants, dans le but de réduire leur dette et de baisser un peu la pression sur les budgets publics", conseillent Olivier Cadot et Sergio Rossi.