La Russie montre l'exemple à l'Opep en réduisant un peu sa production de pétrole
Alors que les prix du pétrole brut ont chuté de plus de 30% en cinq mois, des responsables du Venezuela et de l'Arabie saoudite, membres éminents de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, ont tenu mardi une réunion au format inédit avec des homologues de la Russie et du Mexique, deux Etats producteurs non affiliés au cartel, et ce avant une importante réunion jeudi lors de laquelle l'Opep devra décider ou non de réduire sa production.
Lors de cette rencontre à quatre, pays de l'Opep et non-Opep se sont entendus sur le fait que le prix du pétrole brut n'était pas bon, a raconté à la presse le ministre vénézuelien des Affaires étrangères Rafael Ramirez. Tout le monde est inquiet de la situation du marché pétrolier, a-t-il résumé.
Nous avons décidé de rester en contact et nous nous rencontrerons de nouveau dans trois mois, a ajouté M. Ramirez après son entretien avec le ministre du pétrole de l'Arabie saoudite, Ali al-Nouaïmi, le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, le patron de la compagnie pétrolière russe Rosneft, Igor Setchine, et le ministre de l'Energie mexicain, Pedro Joaquin Coldwell.
Si aucune mesure commune telle qu'une baisse de production globale n'a été arrêtée lors de cette réunion, M. Setchine a en revanche annoncé dans la foulée que sa compagnie avait réduit de 25.000 barils par jour sa propre production, en raison des conditions du marché.
Un geste essentiellement symbolique, vu que la Russie, toutes compagnies confondues, est le premier producteur d'or noir de la planète, avec une production totale de brut estimée à 10,9 millions de barils par jour entre janvier et septembre, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).Rosneft, groupe pétrolier public, produit à lui seul plus de 4 millions de barils quotidiennement.
Mais la Russie a semblé ainsi montrer le chemin à l'Opep, actuellement divisée sur la marche à suivre face à la chute des cours.
- resserer les vannes ? -
En dépit des menaces géopolitiques de toutes sortes, les prix du brut sont plombés depuis la mi-juin par l'essor fulgurant de la production américaine non-conventionelle, dont l'extraction du pétrole de schiste.
Dans ce contexte tendu, les ministres des douze Etats de l'Opep doivent revoir jeudi à Vienne leur plafond collectif de production, figé depuis trois ans à 30 millions de barils par jour, soit près du tiers du pétrole brut extrait quotidiennement dans le monde.
Certains comme le Venezuela poussent ouvertement le cartel à resserrer les vannes, pour redresser les cours.
Le Venezuela avait d'ailleurs annoncé il y a quelques jours vouloir coordonner les positions des pays producteurs situés dans et en dehors de l'Opep, dont la Russie, afin de contrer la dégringolade des des prix.
Mais l'Arabie saoudite, chef de file du cartel dont elle assure à elle seule le tiers de la production, est jusqu'ici restée globalement impassible face à ces appels. M. al-Nouaïmi, à son arrivée lundi soir à Vienne, avait ainsi fait remarquer que ce n'était pas la première fois que le marché pétrolier était surapprovisionné.
Dans cette affaire, tous les pays producteurs ne sont pas logés à la même enseigne. La Russie comme le Venezuela sont ultra-dépendants des cours du brut : la Russie est au bord de la récession, durement frappée par les sanctions économiques liées au conflit dans l'Est de l'Ukraine, tandis que les finances du Venezuela sont exsangues.
En l'absence de consensus lors de la réunion de ce mardi sur une baisse générale de production, les cours du brut ont encore baissé, avant de se stabiliser, le baril de Brent valant 79,38 dollars, quasi-stable par rapport à la veille, vers 18H00 GMT.