Le brut se replie, la Chine inquiète le marché
Vers 10H30 GMT (12H30 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin, dont c'est le premier jour comme contrat de référence, s'échangeait à 121,80 dollars sur l'InterContinental Exchange de Londres, reculant de 20 cents par rapport à la clôture de jeudi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai cédait 25 cents à 107,86 dollars.
Les combats en Libye, où insurgés et forces du colonel Kadhafi se disputent depuis des jours la ville stratégique d'Ajdabiya (est du pays), "continuent de soutenir les prix (...) mais le marché pâtissait de la perspective de nouvelles mesures de politique monétaire en Chine après les solides indicateurs économiques de ce matin", observaient les analystes de Commerzbank.
Selon des chiffres publiés vendredi, la croissance de l'économie chinoise est restée robuste au premier trimestre, avec 9,7% de hausse du Produit intérieur brut (PIB), mais l'inflation s'est accélérée pour atteindre 5,4% en mars, son plus haut niveau depuis juillet 2008.
Cette hausse de l'inflation laisse présager de nouvelles mesures de resserrement monétaire pour juguler l'économie du géant asiatique, mais qui pourraient affecter la demande énergétique du pays, deuxième consommateur mondial de brut.
"Le Brent a pu être touché par les inquiétudes persistantes d'une surchauffe de l'économie chinoise, des craintes renforcées par les chiffre du PIB pour le premier trimestre", confirmaient les analystes du cabinet viennois d'études JBC Energy.
La consommation chinoise s'est déjà légèrement affaiblie en mars, relevaient-ils: "avec 8,87 millions de barils par jour (mbj), le volume de brut raffiné dans le pays en mars... s'affiche en-deçà du record de 9,18 mbj enregistré en février", soit une baisse de 3,4%.
D'une manière générale, "le marché est toujours en train de digérer les avertissements de l'Agence internationale de l'Energie (AIE) sur une potentielle destruction de la demande en raison de prix trop élevés", soulignait de son côté Andrey Kryuchenkov, de VTB Capital.
La nervosité des opérateurs face à l'envolée des cours avait été exacerbé mardi par l'AIE, qui a souligné l'existence d'un "vrai risque qu'un pétrole se maintenant à plus de 100 dollars le baril ne soit pas compatible avec le rythme de la reprise économique".
Par ailleurs, un raffermissement de la monnaie américaine, face à un euro plombé par un regain d'inquiétudes sur les dettes souveraines européennes, rendait plus attractifs les achats de pétrole libellés en dollars.
Sur le plan de l'offre, les tensions étaient cependant loin d'être dissipées, avertissait M. Kryuchenkov: "il est important de garder un oeil sur l'évolution de la situation au Moyen-Orient, surtout un vendredi, jour de prière" et souvent occasion d'importantes manifestations.
"Les élections présidentielles au Nigeria, qui ont lieu ce week-end, seront aussi à surveiller attentivement", a-t-il ajouté. Les périodes électorales ont par le passé souvent engendré des violences et des perturbations de la production du pays, premier producteur de brut du continent africain.
rp
(AWP/15 avril 2011 13h00)