Le brut soutenu à New York par l'Egypte et l'incertitude sur la Fed
(reprise de vendredi soir)
New York - Le pétrole a fini en légère hausse vendredi à New York, soutenu par la situation en Egypte et la prudence des investisseurs face à la perspective d'un ralentissement des mesures de soutien à l'économie américaine.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en septembre a grignoté 13 cents à 107,46 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, a enregistré une hausse plus importante de 83 cents pour s'établir à 110,40 dollars.
"Ca a été une journée intéressante pour le pétrole: il est monté en cours de séance au-dessus des 108 dollars puis a chuté d'un coup pour ensuite remonter autour de 107 dollars", remarque Robert Yawger, de Mizuho Securities USA.
La chute subite du prix de l'or noir a eu lieu en fin de matinée lorsque s'est relâchée la menace d'ouragans dans l'Atlantique: les météorologues américains ont notamment rétrogradé Erin en "dépression tropicale".
Ces ouragans, lorsqu'il atteignent les côtes américaines, ont la capacité de détruire ou de perturber certains installations pétrolières en mer.
La situation toujours tendue en Egypte est restée l'élément central du maintien du prix du baril, selon Robert Yawger.
Les violences entre partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi, mobilisés par milliers, et forces de l'ordre ont de nouveau fait de nombreuses victimes vendredi, avec des quartiers entiers transformés en champs de bataille.
Même si l'Égypte n'exporte que très peu de pétrole, le pays dispose, en plus du canal de Suez, d'un important réseau d'oléoducs et se situe ainsi au coeur de l'acheminement du brut d'Afrique du nord et de la région du Golfe. Les investisseurs craignent que les troubles n'affectent ces moyens de transport.
"Pour l'instant, il semble que le trafic ne soit pas interrompu au niveau du canal de Suez", note cependant Robert Yawger.
Des problèmes persistent aussi du côté de l'offre en Libye, comme le note Tim Evans. Les exportations y ont reculé car des agents de sécurité bloquent depuis plusieurs semaines certains terminaux pétroliers.
Le gouvernement a menacé jeudi soir de recourir à la force contre ces personnels, déplorant la chute de la production pétrolière libyenne d'environ 1,6 million de barils par jour dans des conditions normales, mais qui est tombée fin juillet à 330'000 barils par jour pour remonter à 700'000 barils par jour actuellement.
Par ailleurs, "le marché reste dans l'attente" d'une annonce de la Fed sur sa politique monétaire à venir, estime Carl Larry, analyste de Oil Outlooks and Opinion. L'institution bancaire pourrait décider dès le mois prochain de se désengager des marchés en réduisant au fur et à mesure ses injections de liquidités.
Cette possibilité contribue à contenir la hausse du baril via une demande limitée, selon Carl Larry. En effet, jusque-là la politique monétaire accommodante favorisait l'achat d'actifs risqués, dont les matières premières. En outre, un retrait, même progressif, de la Fed sur les marchés rendrait le dollar plus rare et donc sa valeur plus élevée. Les achats de bruts, libellés en dollars, deviendraient alors moins attractifs.
afp/rp
(AWP / 19.08.2013 06h21)