Le brut frôle les 100 dollars, l'Egypte continue d'inquiéter le marché
Vers 11h00 GMT (12h00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars s'échangeait à 98,82 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, cédant 60 cents par rapport à la clôture de vendredi.
Il avait cependant évolué en hausse sensible dans les échanges asiatiques, grimpant jusqu'à 99,97 dollars vers 03h00, s'approchant encore un peu plus du seuil des 100 dollars, qu'il n'a plus franchi depuis le 1er octobre 2008.
Dans les échanges électroniques du New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance grappillait 7 cents à 89,41 dollars.
Les prix ont bondi, "dopés par une préoccupation croissante des opérateurs sur l'instabilité politique persistante en Egypte", soulignait David Hart, analyste de Westhouse Securities.
"On redoute la possibilité que cette contestation s'étendent à d'autres régions, mais aussi des perturbations potentielles sur l'offre" de brut en cas de blocage de routes pétrolières stratégiques, expliquait-il.
Le canal de Suez, contrôlé par l'Egypte et par lequel transite environ un million de barils par jour, constitue un des principaux passages pour le transport pétrolier entre le Moyen-Orient et l'Europe.
Malgré les nominations au gouvernement annoncées samedi et les violences qui ont fait au moins 125 morts et des milliers de blessés depuis mardi, la mobilisation ne semble pas faiblir en Egypte, avec des manifestations toujours importantes dans les principales villes du pays, dont Suez.
"Il y a un risque de pénurie réelle" pour le marché mondial en cas d'aggravation de la crise égyptienne, a estimé lundi à Londres Abdallah Salem El-Badri, secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
"Si nous observons une véritable pénurie, il faudra que nous agissions" pour y remédier en accroissant la production des pays membres de l'organisation, a ajouté M. El-Badri, dans des propos rapportés par l'agence Dow Jones Newswires.
Il a toutefois estimé que le marché restait pour le moment "bien approvisionné" et que la situation en Egypte "n'était pas hors de contrôle".
"Aucune interruption dans le trafic à Suez n'a été rapportée jusqu'à présent, et ce canal n'est pas aussi important (à l'échelle mondiale) que peut l'être le détroit d'Ormuz (au sud du Golfe) par lequel transitent 40% du pétrole mondial", tempérait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital.
"C'est pourquoi les tensions entre l'Iran et les pays occidentaux sur la question nucléaire fournissent un arrière-plan favorable aux prix du baril, tandis que les violences en Egypte risquent fort de n'être qu'un évènement temporaire, avec un reflux des cours dès que la situation commencera à se clarifier", a-t-il expliqué.
Le canal de Suez fonctionne toujours "à pleine capacité", ont annoncé lundi des médias officiels égyptiens.
cha
(AWP/31 janvier 2011 12h54)