Le brut recule, marché suspendu à l'évolution des violences en Libye
Vers 11H00 GMT (12H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril s'échangeait à 115,72 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 63 cents par rapport à la clôture de la veille.
Dans les échanges électroniques du New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance lâchait quant à lui 62 cents à 101,61 dollars.
Les cours du baril réduisaient leurs pertes, après avoir plongé de plus de 3 dollars à Londres dans les échanges asiatiques, sur un marché qui reprenait son souffle après avoir engrangé près de 5 dollars sur les deux séances précédentes et approché leurs plus hauts niveaux depuis septembre 2008.
Le président vénézuélien Hugo Chavez s'est entretenu avec le colonel Mouammar Kadhafi d'une proposition d'envoi d'une mission internationale de paix pour régler le conflit libyen, a annoncé Caracas mercredi.
"Cette perspective d'un plan de paix pour la Libye a exercé une pression sur les prix ce matin", générant une chute de 3% à Londres et de 2% à New-York, "mais cela ne devrait être que temporaire, le marché ayant déjà effacé une bonne partie de cette baisse", estimaient les analystes de Commerzbank.
En effet, alors que les combats font toujours rage dans l'est du pays, "il est très improbable que l'insurrection libyenne accepte une négociation avec Kadhafi, comme le suggère le projet du président Chavez", faisaient-ils valoir.
Les rebelles essuyaient jeudi de nouvelles frappes aériennes, au lendemain d'une contre-offensive de l'aviation et de l'artillerie lourde du colonel Kadhafi à Brega, le poste le plus avancé de l'opposition à l'ouest de Benghazi et siège d'importantes installations pétrolières.
"Il est difficile de déterminer le point à partir duquel on peut officiellement déclarer un pays en guerre civile, mais il semble désormais évident que la Libye a atteint ce stade. Les bombardements à Brega, une ville tenue par les rebelles, par des avions pro-Kadhafi prouvent que la Libye est en guerre avec elle-même", commentait de son côté David Hufton, du courtier PVM.
"Brega est un centre pétrolier particulièrement crucial, tout comme Tobrouk ou Zueitina, qui sont les ports d'où partent les exportations d'hydrocarbures à l'est (du pays). Une guerre civile dans un important pays producteur (...) reste extrêmement incendiaire pour les prix" du pétrole, ajoutait-il.
L'Agence internationale de l'Energie (AIE) a estimé mercredi que les pertes de l'offre libyenne de brut représentaient entre 850.000 et 1 million de barils de pétrole par jour.
Or, la qualité du pétrole léger produit par l'Arabie saoudite, qui s'est engagée à combler les carences du marché, ne correspond pas forcément à celle du pétrole libyen, à très faible teneur de souffre, ce qui pourrait poser problème aux raffineurs, observaient les experts.
"L'attention du marché va se porter désormais sur le remplacement de ce pétrole (libyen) très léger", observait M. Hufton, qui expliquait que les raffineurs américains pourraient faire face à une concurrence accrue pour acquérir du brut en provenance d'Algérie et d'Afrique de l'ouest, dont la qualité est la plus similaire à celle de la Libye.
tt
(AWP/03 mars 2011 12h30)