Le brut chute de 3 dollars, spéculations sur l'Arabie saoudite pèsent
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre valait 108,43 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, perdant 3,60 dollars par rapport à la clôture de mardi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en octobre reculait de 3,03 dollars, à 92,26 dollars.
Après leur "plongeon éclair" de 4 dollars de lundi, resté inexpliqué, les cours n'arrivaient toujours pas à se ressaisir, et tombaient mercredi à leurs plus bas niveaux depuis début août.
Le marché était ébranlé par "des informations de presse indiquant que l'Arabie saoudite est prête à pomper à nouveau plus de 10 millions de barils de brut par jour (mbj) pour avoir davantage à offrir aux raffineurs du monde entier", expliquait David Hufton, analyste du courtier PVM.
Le royaume, premier exportateur d'or noir de la planète, a déjà grossi sa production de brut d'environ 300.000 barils par jour depuis le début de l'année et produisait 9,90 mbj en août, selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE).
"Les Saoudiens sont désireux de voir les prix (du Brent) redescendre vers 100 dollars le baril" afin de pas miner encore davantage la croissance économique des pays consommateurs, ajoutait M. Hufton.
Le ministre saoudien du Pétrole Ali al-Nouaïmi avait déjà estimé le 10 septembre que le pays était prêt à "prendre les décisions nécessaires pour ajuster offre et demande" et à "répondre aux besoins de tous ses clients".
"Ces articles de presse n'apportent donc rien de vraiment nouveau, mais ils alimentent la perspective d'une forte baisse des cours", commentait Julian Jessop, analyste du cabinet d'études Capital Economics.
Mais c'est surtout la morosité de l'environnement économique qui pourrait tirer encore davantage les prix vers le bas: "les pays du Golfe ont déjà nettement augmenté leur offre (depuis le printemps) et le marché est en ce moment largement approvisionné. En fait, il n'est pas clair qu'il y aura une grosse demande supplémentaire pour le pétrole saoudien", estimait M. Jessop.
En effet, "la croissance ralentit en Chine, la récession guette le Japon et l'Europe, et les Etats-Unis diminuent leurs importations de brut" alors qu'ils se battent avec des stocks déjà surabondants, poursuivait l'économiste.
De fait, les prix du baril ont accéléré leur chute mercredi après la publication d'un rapport décevant hebdomadaire du Département américain de l'Energie (DoE).
Celui-ci a ainsi fait état d'un bond de 8,5 millions de barils des réserves de brut la semaine dernière, bien plus que l'augmentation de 500.000 barils seulement attendue par les analystes.
Les stocks de produits distillés ont reculé de 300.000 barils et les stocks d'essence de 1,4 million de barils, à contre-courant des attentes.
La récente hausse des cours du baril "est largement alimentée par les espoirs de voir les mesures de soutien des banques centrales conforter la demande mondiale de brut", ainsi que par les craintes d'une escalade des violences au Moyen-Orient, des facteurs qui pourraient l'un et l'autre s'avérer très temporaires, ajoutait Julian Jessop.
En revanche, les signaux envoyés par Riyad "diminuent la probabilité d'un recours des Etats-Unis à leurs stocks pétroliers stratégiques" pour approvisionner le marché, "un scénario qui plomberait les prix du brut beaucoup plus que les engagements saoudiens à augmenter leur production", nuançait Olivier Jakob, analyste du cabinet suisse Petromatrix.
sm
(AWP / 19.09.2012 18h31)