Le brut se replie, les investisseurs s'interrogent sur l'Arabie saoudite
Vers 10H30 GMT (12H30 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre valait 111,53 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, perdant 50 cents par rapport à la clôture de mardi.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en octobre cédait 21 cents, à 95,08 dollars.
Les cours n'arrivaient toujours pas à se ressaisir après leur plongeon éclair de 4 dollars lundi, jugé "mystérieux" par les analystes. Les autorités de régulation américaine et britannique ont ouvert mardi une enquête sur ce mouvement, pointant un possible dérèglement de courtage à haute fréquence (ordinateurs générant de façon autonome des ordres au millionième de seconde).
Mais alors que cette chute aurait pu entraîner des achats à bon compte et un rééquilibrage, les prix du baril ont au contraire creusé leurs pertes mardi et continuaient de fléchir mercredi, dans un marché sans entrain.
Cet affaiblissement des cours "s'explique peut-être par les informations de presse indiquant depuis mardi que l'Arabie saoudite (1er exportateur de la planète) est prête à pomper à nouveau plus de 10 millions de barils de brut par jour (mbj) pour avoir davantage à offrir aux raffineurs du monde entier", expliquait David Hufton, analyste du courtier PVM.
Le royaume produisait 9,90 mbj en août, selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE).
"Les Saoudiens sont désireux de voir les prix (du Brent) redescendre vers 100 dollars le baril" afin de pas miner encore davantage la croissance économique des pays consommateurs, "et ils montrent clairement que si les prix restent élevés, ce n'est pas en raison d'une offre insuffisante sur le marché", ajoutait M. Hufton.
Le ministre saoudien du Pétrole Ali al-Nouaïmi avait déjà estimé le 10 septembre que les prix élevés du brut ne reflétaient pas "les fondamentaux du marché", mais que le pays était prêt à "prendre les décisions nécessaires pour ajuster offre et demande" et "répondre aux besoins de tous ses clients".
Les signaux envoyés par Ryad "diminuent la probabilité d'un recours des Etats-Unis à leurs stocks pétroliers stratégiques" pour approvisionner le marché, "un scénario qui plomberait les prix du brut beaucoup plus que les engagements saoudiens à augmenter leur production", observait Olivier Jakob, analyste du cabinet suisse Petromatrix.
"Le problème (pour l'Arabie saoudite) est que si les Etats-Unis évoquent trop bruyamment leur volonté de puiser dans les stocks stratégiques, cela n'incite pas les raffineurs occidentaux à acheter davantage de pétrole saoudien" car ils attendent de voir si le gouvernement américain va agir, expliquait M. Jakob.
Alors que la montée des violences au Moyen-Orient a alimenté ces dernières semaines la montée des cours du baril, tout afflux de production sur le marché mondial pèserait en tout cas sévèrement sur les cours, d'autant que les stocks américains de pétrole restent à un niveau élevé.
Selon les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires, le département américain de l'Energie (DoE) devrait faire état mercredi d'une hausse de 500'000 barils des stocks de brut aux Etats-Unis lors de la semaine achevée le 14 septembre. Ces stocks avaient atteint en juillet leur plus haut niveau en 22 ans.
Les stocks d'essence sont attendus en hausse de 700'000 barils, et ceux de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) en hausse de 1,1 million de barils.
rp
(AWP / 19.09.2012 13h24)