Le brut bondit, soutenu par la croissance US et l'Egypte, 100 USD en vue
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars s'échangeait à 98,46 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, gagnant 1,07 dollar par rapport à la clôture de jeudi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance s'envolait de 2,45 dollars à 88,09 dollars.
Il se redressait de façon spectaculaire après avoir touché dans les échanges asiatiques 85,11 dollars, son niveau le plus faible depuis le 1er décembre.
"Les cours du pétrole ont nettement rebondi après la publication des chiffres du PIB (produit intérieur brut) des Etats-Unis pour le quatrième trimestre 2010, qui ont généré un regain d'optimisme pour le marché", notait Myrto Sokou, analyste de la société de courtage londonienne Sucden Financial.
La reprise économique s'est renforcée aux Etats-Unis en 2010, permettant au PIB américain de retrouver son niveau d'avant la crise, avec une augmentation de 2,9% sur un an et une nette accélération sur les trois derniers mois (+3,2% en rythme annuel).
Ces chiffres, bien que moins bons qu'attendu, "confortent les espoirs d'une augmentation de la demande pétrolière des Etats-Unis", premier consommateur de brut de la planète, ajoutait Mme Sokou.
Autre signal favorable: l'université du Michigan a nettement relevé son indice de confiance des consommateurs américains pour janvier.
L'aggravation des manifestations en Egypte, où la contestation gagne en ampleur, est venue renforcer la hausse des cours du baril.
Le marché a été soutenu "par les inquiétudes au sujet de l'Egypte, par la crainte que l'instabilité croissante du pays et dans le reste de l'Afrique du nord puisse affecter le canal de Suez", soulignait Michael Hewson, analyste de CMC Markets, qui notait que le canal "constitue le passage pour l'instant sûr du pétrole et du gaz vers l'Europe".
Un manifestant a été tué vendredi dans la ville de Suez, lors d'accrochages violents entre les manifestants et la police qui ont conduit les autorités à imposer un couvre-feu.
Le bond du prix du WTI new-yorkais lui permettait de réduire l'écart avec celui du Brent échangé à Londres. La différence entre les deux contrats de référence avait atteint plus tôt vendredi un niveau historique de plus de 12 dollars.
"Comme le dirait Shakespeare: même si c'est une folie, elle ne manque pas de logique. La raison de la faiblesse du WTI est bien connue, il s'agit du haut niveau des stocks du terminal de Cushing, qui ne montrent aucun signe de fléchissement", relevait Tamas Varga, analyste de PVM Oil Associates.
Situé dans l'Oklahoma (sud des Etats-Unis), Cushing est le principal centre de stockage du pays, où est conservé le brut pompé dans l'ouest du Texas (WTI) qui sert de référence sur le marché new-yorkais, et ses stocks, qui ne cessent de gonfler, sont proches de la saturation.
Pour les analystes de Commerzbank au contraire, l'écart entre WTI et Brent "le plus grand mystère du moment sur le marché pétrolier". Ils jugent que "les différences fondamentales" entre les deux types de pétrole "n'ont pas changé si radicalement au cours des derniers jours pour expliquer l'énorme écart actuel".
tt
(AWP/28 janvier 2011 18h25)